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Trump, chef des armées : les inquiétudes des soldats femmes et transgenres

Aux États-Unis, des militants féministes et LGBT craignent que Donald Trump remette en cause les avancées de l’administration Obama dans l’armée. Le président élu et ses proches dénoncent des mesures qui nuiraient à l’efficacité militaire.

Avec l’élection définitive de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les craintes des femmes et des transgenres au service de l’armée américaine se renforcent. Leurs défenseurs dénoncent des velléités de revenir sur les modifications amorcées par l’administration Obama, parmi lesquelles l’interdiction imposée aux transgenres et les dernières restrictions concernant l’accès des femmes aux postes de combat au sein des forces armées.

"Nous avons des raisons d’être inquiets", explique Kate Germano, lieutenant-colonel au sein des Marines, nouvellement retraitée, au magazine Foreign Policy. "Celui qui deviendra bientôt chef des armées, poursuit-elle, est connu pour sa tendance à tripoter les femmes, pour sa façon de juger les femmes uniquement sur leur physique, et il sera aux commandes de l’armée."

Ces craintes sont partagées. Selon un sondage, effectué auprès de 2 790 militaires en activité et relayé par la revue spécialisée Military Times, 55 % des soldates estiment que la présidence Trump "aura un effet négatif" sur leur statut au sein de l’armée américaine.

Anti "politiquement-correct"

À l’origine de l’inquiétude de Kate Germano et des autres, une fâcheuse tendance de la galaxie Trump à juger ces réformes "inutiles" voire "contre-productives". Le milliardaire, lui, est resté prudent : interrogé à ce propos par un vétéran lors d’une réunion publique début octobre, celui qui n’était alors que candidat s’est contenté de renouveler son habituelle critique du "politiquement correct", cette fois au sein de l’armée, et de promettre qu’il suivrait les recommandations de ses conseillers militaires en la matière.

Trump et le "politiquement correct", par le Washington Post

Mais ces mêmes conseillers semblent justement enclins à remettre en cause les réformes de l’administration Obama. Le général James Mattis, futur secrétaire à la Défense de l’administration Trump, a critiqué dans un récent livre ce qu’il décrit comme la tendance des dirigeants civils à importer des "préoccupations progressistes" au sein de l’armée, ce qui pourrait affaiblir cette dernière selon lui.

Le prochain conseiller à la Sécurité nationale, Michael Flynn, de la même manière, jugeait lors de la convention nationale des républicains, en juillet, qu’ennuyer l’armée avec "des questions sans importance comme 'quelle terminologie est correcte ?' ou 'quelle porte de toilette ouvrir ?' [est] insensé".

Le vice-président élu, Mike Pence lui-même, a un long historique d’opposition aux droits LGBT. En 2011, alors député, il avait voté contre l’abrogation de la loi qui interdisait aux homosexuels de servir ouvertement dans l’armée. Il a, par la suite, en tant que gouverneur, promulgué une loi autorisant le refus de service aux homosexuels et transgenres pour motif religieux.

L’appel des 33 généraux

Ces velléités des proches de Trump sont d’autant plus inquiétantes qu’appliquer ces changements serait un jeu d’enfant : la décision reviendrait au ministre de la Défense, qui n’aurait qu’à donner un préavis de 30 jours au Congrès.

En conséquence, certains activistes se mobilisent déjà, note Foreign Policy. Le Palm Center, un think-tank initialement baptisé Centre pour l’étude des minorités sexuelles dans l’armée, s’est fait le relai, dix jours après l’élection, de l’appel de 33 généraux et amiraux retraités, à rester fidèle au principe de faire passer les compétences avant les préjugés sociaux, "un ingrédient essentiel d’une force de combat opérationnelle".

Donald Trump avait déjà tenu une position ambiguë à propos des femmes soldates. En 2013, à propos des agressions sexuelles au sein de l’armée, il s’était questionné dans un tweet : "Ils s’attendaient à quoi, ces génies, quand ils ont mis des hommes et des femmes ensemble ?". Interrogé à ce sujet par un journaliste de la chaine NBC en septembre 2016, il n’a pas souhaité clarifier sa pensée.