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Tunisie : le Hamas accuse Israël de l'assassinat d'un ingénieur à Sfax

Le mouvement palestinien Hamas a rendu samedi Israël responsable de l’assassinat d’un Tunisien, présenté par l’organisation comme l'un de ses experts en matière de drones. Une affaire qui n’en finit pas de faire des remous.

L'ingénieur tunisien Mohamed Zaouari a été tué par Israël, ont affirmé les brigades Ezzedine al-Qassam. La branche armée du Hamas a dénoncé "une agression contre la résistance et les brigades Al-Qassam" et menacé de représailles dans un communiqué publié samedi 17 décembre. Dans le même temps, le porte-parole du Hamas, Mushir al-Masri, a déclaré à une station de radio tunisienne que "seul Israël bénéficiait de ce meurtre ciblé".

Mohamed Zaouari était une personnalité importante dans le développement de drones a indiqué le Hamas, précisant qu’il travaillait depuis 10 ans pour la "résistance". L’ingénieur de 49 ans a été tué par arme à feu jeudi 15 décembre à Sfax, la deuxième ville de Tunisie, alors qu’il se trouvait au volant de son véhicule, devant son domicile. L’autopsie a révélé la présence de huit balles dans le corps de la victime et le médecin légiste a détecté 20 traces de coups de feu, a déclaré le substitut du procureur général, Mourad Turki à la radio privée tunisienne Shems FM.

Des éléments étrangers

Le gouvernement tunisien a indiqué dimanche que des "éléments étrangers" étaient impliqués dans le meurtre de Mohamed Zaouari et a exprimé son engagement "à protéger tous ses citoyens et à poursuivre les coupables (…), à l’intérieur et à l’extérieur du pays". Selon les premiers éléments de l’enquête, quatre véhicules ainsi que deux armes munies de silencieux ont été saisis, et huit personnes ont été interpellées. Sur la radio Shems FM, lundi, Mourad Turki a précisé qu’un homme de nationalité belge et d’origine marocaine, ainsi qu'un homme de nationalité suisse sont suspectés d’être impliqués dans cette affaire. Samedi déjà, le ministère tunisien annonçait l’arrestation d’une Tunisienne à l’aéroport de Tunis-Carthage. Il s’agit d’une journaliste qui avait interviewé la victime avec un autre journaliste et un caméraman, tous deux de nationalité tunisienne.

"Théâtre d’actions faciles"

Alors que se tenait lundi matin à Tunis une "réunion sécuritaire" sur ce dossier autour du chef du gouvernement Youssef Chahed, en présence des ministres de l’Intérieur et de la Défense, l’affaire est largement commentée dans les médias tunisiens. Dans un éditorial, La Presse estime que la Tunisie, confrontée à de multiples défis sécuritaires et sociaux, est démunie face à "des opérations d’espionnage ou de commandos". "Notre agitation quotidienne, nos luttes internes, nos clivages et nos querelles à n'en plus finir font de notre pays le théâtre d'actions faciles", avance le journal. Le constat est partagé par site d'information Assarih, selon qui "les Tunisiens sont très inquiets que leur pays devienne, du fait de l'anarchie, un repaire d'agents étrangers et le théâtre d'opérations" de ce genre. "La souveraineté nationale est en jeu", renchérissait le journal Assabah. Dans ce contexte, plusieurs appels à manifester ont été lancés par des formations politiques, dont le Front populaire, pour lundi soir. Parallèlement, des voix ont appelé à la tenue d’une "session plénière urgente" du Parlement pour débattre de ce dossier.

À l’affaire elle-même est venue s’ajouter durant le week-end une controverse sur la diffusion par la chaine israélienne Channel 10 d’un reportage marqué par la présence de l’un de ses journalistes sur les lieux du crime. Dans un communiqué, le principal syndicat tunisien, UGTT, a fustigé une "honte et une atteinte au peuple tunisien". Une source proche de l’enquête a affirmé à l’AFP que ce journaliste israélien était entré en Tunisie "à l’aide d’un passeport allemand, en tant qu’écrivain".

Les autorités israéliennes n'ont pour l'heure pas réagi aux accusations du Hamas. Mais l’État hébreu a dans le passé assassiné plusieurs membres de groupes activistes, notamment en Tunisie, pays qui a abrité le siège de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) de 1982 à 1994.

Avec AFP