
Après plusieurs heures de confusion, une trêve est entrée en vigueur jeudi à Alep-Est, selon un haut responsable de l'armée syrienne et le Hezbollah libanais. L'évacuation des rebelles armés a déjà débuté.
Un nouvel accord a été trouvé pour permettre l'évacuation des rebelles d'Alep, a indiqué, jeudi 15 décembre, à l'AFP un haut responsable de l'armée syrienne, au lendemain d'une initiative similaire ayant échoué. Quelque 5 000 rebelles ainsi que leurs familles sont concernés par cette opération, a annoncé le ministère de la Défense russe.
Un photographe collaborant avec l'AFP présent dans le secteur gouvernemental à la périphérie sud d'Alep a pu voir des bus et des ambulances pénétrer dans l'enclave rebelle. "Les gens sont en train de monter dans les bus. Tout va bien. Les opérations vont prendre un peu de temps et il y aura plusieurs aller-retours", a indiqué à l'AFP Ingy Sedky, la porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Syrie.
Toutefois, un convoi composé notamment d'ambulances qui quittait Alep-Est a essuyé jeudi des tirs provenant de positions tenues par des combattants pro-gouvernementaux, a rapporté la protection civile. Un responsable rebelle cité par Reuters a indiqué que cela s'était produit au carrefour Ramousah. Le convoi a rebroussé chemin.
"Les armes se sont tues au petit matin"
De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge a fait savoir qu'il avait été contacté pour faciliter cette évacuation. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) rapporte pour sa part qu'un premier convoi de personnes nécessitant une attention médicale a pu quitter la ville.
"Les armes se sont tues aux petites heures du matin autour d'Alep alors que les combats avaient continué jusque dans la soirée", rapporte Selim el-Meddeb, correspondant de France 24 à Beyrouth. "Une source sur place nous a confirmé que des blessés avaient pu être évacués du réduit rebelle du sud d'Alep vers une zone contrôlée par le gouvernement syrien", poursuit notre correspondant. Ils sont ensuite voués à être dirigés vers les zones sous contrôle rebelle dans l'ouest de la province d'Alep."
La Russie, allié militaire clé de Damas, dit que les rebelles seront transportés à bord de vingt autocars et de dix ambulances en direction de la ville d'Idlib. Le ministère russe de la Défense, cité par les médias russes, précise que des drones vont être utilisés pour superviser le bon déroulement de cette évacuation de combattants et de civils.
"Grosses complications"
Plus tôt dans la journée, un organe de communication militaire du Hezbollah libanais avait également annoncé qu'une trêve était entrée en vigueur à Alep-est et que l'évacuation des rebelles armés pourrait commencer "dans les heures à venir". Le mouvement chiite libanais combat au côté des forces gouvernementales syriennes qui sont en passe de s'emparer totalement de la grande ville du nord de la Syrie.
Mercredi soir, des représentants des rebelles et un responsable des forces gouvernementales avaient indiqué qu'un cessez-le-feu entrerait en vigueur jeudi vers 6h, mais le Hezbollah a rapidement contesté ces annonces, invoquant de "grosses complications".

Le groupe armé chiite avait déjà fait capoter la veille un accord conclu mardi entre la Russie et la Turquie, exigeant que les insurgés autorisent à leur tour l'évacuation de deux villages chiites de la province d'Idlib en contrepartie de l'évacuation des derniers quartiers d'Alep encore occupés par les rebelles.
Selim el-Meddeb rappelle que les villages chiites de Foua et Kefraya ont déjà servi de "monnaie d’échange" plus tôt dans le conflit, notamment lors des négociations sur la ville assiégée de Madaya.

Un tournant dans le conflit, estime Assad
À Alep, les deux camps se sont mutuellement accusés d'avoir violé en premier le cessez-le-feu, qui a laissé place à un pilonnage massif du dernier réduit rebelle par l'artillerie et l'aviation gouvernementales. Selon le ministère russe de la Défense, cité par l'agence de presse russe Interfax, ce réduit n'est plus que de 2,5 km².
D'après le Hezbollah, environ 15 000 personnes, dont 4 000 combattants, chercheraient à quitter Alep-Est, où la situation humanitaire aggravée par les intempéries à l'approche de l'hiver préoccupe au plus haut point les Nations unies.
La reprise d'Alep, au terme de bombardements d'une rare intensité, est la plus grande victoire du pouvoir syrien contre une rébellion entamée en 2011 en plein "printemps arabe", un conflit qui a fait plus de 300 000 morts, selon l'ONU.
Le président syrien, Bachar al-Assad, a salué la victoire des forces gouvernementales comme un tournant dans le conflit et un prélude à de nouvelles offensives contre les enclaves rebelles.
Pour la Russie, dont l'intervention militaire en faveur de Damas entamée en septembre 2015 a bouleversé l'équilibre des forces, la reconquête d'Alep est une victoire considérable contre les "terroristes", terme qu'utilise le régime syrien pour désigner les rebelles, qu'ils soient nationalistes ou islamistes.
Avec AFP et Reuters