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Malgré la trêve conclue mardi soir, d'intenses bombardements ont repris mercredi sur Alep. Les combats ont empêché l'évacuation des dernières poches rebelles dans l'est de la ville, comme l'accord de cessez-le-feu le prévoyait.

La trêve a été de courte durée. Après quelques heures de silence, les armes se sont de nouveau fait entendre dans Alep-Est mercredi 14 décembre. Ces combats entre forces du régime et insurgés ont empêché l'évacuation des civils et des rebelles assiégés dans la grande ville du nord de la Syrie, en dépit des termes de l'accord conclu sous la houlette de Moscou et d'Ankara.

"Environ 100 000 personnes sont encore piégées sur un territoire de 5 km carrés" à Alep, a affirmé Médecins du Monde. Quelque 15 000 personnes, dont 4 000 combattants, chercheraient à quitter Alep-Est, évalue de son côté le Hezbollah.

L'accord d'évacuation avait été annoncé après le tollé international suscité par des informations selon lesquelles "au moins 82 civils" auraient été sommairement exécutés dans les quartiers repris par l'armée, une accusation relayée par le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme. La Commission d'enquête sur la Syrie de l'ONU suspecte par ailleurs des groupes rebelles d'empêcher des civils de quitter les quartiers assiégés afin de s'en servir comme boucliers humains, a-t-elle fait savoir mercredi.

Alep: accord pour l'évacuation des civils et des insurgés encerclés #AFP par @AFPgraphics pic.twitter.com/LjMhFLzJa9

— Agence France-Presse (@afpfr) 14 décembre 2016

Ce nouvel embrasement a poussé mercredi des habitants terrifiés à fuir dans les rues à la recherche d'un abri, selon un correspondant de l'AFP qui a vu beaucoup de blessés autour de lui. D'autres tentaient de se cacher dans les entrées des immeubles. "La situation est horrible", a lancé le militant Mohammad al-Khatib, contacté par l'AFP à Alep via Internet. "Les blessés et les morts sont dans les rues, personne n'ose les retirer. Le bombardement est continu. C'est indescriptible".

Les deux camps s'accusent mutuellement d'avoir violé le cessez-le-feu

L'allié russe du président Bachar al-Assad a accusé les rebelles d'avoir déclenché à nouveau les hostilités, tandis que le parrain de l'opposition, la Turquie, blâmait les troupes du régime et leurs alliés.

On ignore pour l'instant quand l'évacuation doit avoir lieu. Une chaîne de télévision proche de l'opposition évoque la date de jeudi 15 décembre. La vingtaine de bus qui devaient prendre en charge les évacués mercredi matin à l'aube sont restés stationnés dans le secteur gouvernemental de Salaheddine. Des milliers d'habitants avaient pourtant attendu en vain d'y monter dans le froid et sous la pluie. Beaucoup avaient passé la nuit sur les trottoirs, faute d'abris.

Une source proche du régime a précisé que les négociations continuaient. "Lorsqu'un accord sera conclu, les autorités syriennes l'annonceront", a-t-elle précisé. Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu mercredi soir avec son homologue russe Vladimir Poutine pour tenter de sauver la trêve. Les deux dirigeants se sont accordés sur au moins un point : les violations du cessez-le-feu doivent cesser.

Pour l'heure, selon un responsable rebelle, le régime et son allié iranien "veulent lier l'accord" à une levée du siège par les rebelles des villages de Fouaa et Kafraya, sous contrôle gouvernemental dans la province d'Idleb (nord-ouest). D'ailleurs ces villages ont été bombardés dans l'après-midi par les rebelles, selon l'OSDH.

De son côté, une source proche du pouvoir a accusé les rebelles d'avoir cherché à augmenter le nombre des personnes évacuées de 2 000 à 10 000.

Avec AFP et Reuters