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Les bombardements ont repris mercredi à Alep, suspendant l'évacuation des civils des quartiers Est. Le régime et les rebelles s'accusent mutuellement d'avoir brisé le cessez-le-feu conclu la veille.

De violents bombardements ont repris mercredi 14 décembre à Alep, la deuxième ville de Syrie, où les espoirs d'une évacuation rapide de milliers de civils affamés et assiégés dans le réduit rebelle ont été douchés.

L'accord d'évacuation conclu mardi soir a donc été suspendu, selon les rebelles et une source proche du régime. Il aurait permis à des milliers de civils et de rebelles de quitter les dernières poches insurgées de la ville, où ils étaient assiégés pendant plus de quatre mois par l'armée et manquaient de tout.

L'allié russe du président Bachar al-Assad a accusé les rebelles d'avoir déclenché les hostilités, alors que le parrain de l'opposition, la Turquie, a blâmé les troupes du régime et leurs alliés.

Alep: accord pour l'évacuation des civils et des insurgés encerclés #AFP par @AFPgraphics pic.twitter.com/LjMhFLzJa9

— Agence France-Presse (@afpfr) 14 décembre 2016

Après une pause de plusieurs heures, de violents bombardements ont repris mercredi matin contre ces quartiers, ont précisé des correspondants de l'AFP et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Un correspondant de l'AFP dans la dernière poche rebelle a entendu de très violents tirs d'artillerie du régime et a vu un char de l'armée tirer en direction des secteurs tenus par les insurgés.

Enfants grelottant de froid

Et ce sont les civils qui payent un lourd tribut. Des centaines ont péri alors que près de 130 000 ont pris la fuite devant l'offensive des prorégime lancée le 15 novembre pour reprendre la totalité de la cité.

Dans le réduit rebelle d'Alep, notamment dans le quartier d'al-Machad, une foule de civils, portant des affaires, était massée dans les rues depuis 5 h du matin dans l'attente de toute nouvelle concernant l'évacuation, selon un journaliste de l'AFP.

Syrie : les combats reprennent à Alep, l'évacuation de civils suspendue

Des enfants très peu vêtus grelottaient de froid. Beaucoup d'habitants avaient passé la nuit sur les trottoirs, faute d'abris, par un temps glacial et sous la pluie, alors qu'ils manquent de tout depuis le début du siège il y a quatre mois.

Une journaliste de l'AFP présente dans le secteur gouvernemental du quartier de Salaheddine a vu une vingtaine de bus prévus pour l'évacuation en stationnement. Leurs chauffeurs dormaient dans leurs véhicules et aucun civil ou insurgé n'était visible dans les parages.

Évacuation en premier "des blessés et des civils"

La Russie, qui fournit un soutien militaire crucial au régime, a accusé les insurgés de la reprise des combats. Dans le camp opposé, la Turquie a accusé le régime syrien et ses alliés au sol- les combattants iraniens et ceux du Hezbollah libanais- d'empêcher la mise en œuvre du cessez-le-feu.

Cet accord conclu sous la houlette de la Russie et de la Turquie et censé entrer en vigueur à 3 h GMT, a été "suspendu", selon un responsable rebelle et une source proche du régime.

D'après les rebelles, le régime et ses alliés notamment iraniens ont "imposé de nouvelles conditions" à l'accord, tandis qu'une source proche du pouvoir a souligné que Damas avait exprimé son désaccord sur le nombre élevé de personnes évacuées.

Selon un responsable de l'influent groupe rebelle Noureddine al-Zinki, l'accord prévoit l'évacuation en premier "des blessés et des civils", suivis des rebelles avec leurs armes légères. En sortant, "ils choisiront de se rendre soit dans l'ouest de la province d'Alep ou vers la province d'Idleb (nord-ouest)", des régions sous contrôle rebelle.

"Alep est dans une situation d'urgence absolue : environ 100 000 personnes sont encore piégées sur un territoire de 5 km carrés", a déclaré à l'AFP la présidente de Médecins du Monde, Dr Françoise Sivignon, appelant à sauver les civils de cet "enfer".

Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a demandé, mercredi, la présence d'observateurs des Nations unies pour superviser l'évacuation d'Alep et éviter que les combattants ne soient "massacrés".

"La France demande des observateurs des Nations unies pour avoir une garantie que l'évacuation des civils est une priorité mais aussi pour que les combattants ne soient pas massacrés", a-t-il déclaré sur France 2.

"Il faut aussi que les organisations humanitaires comme la Croix-Rouge, l'Unicef, puissent intervenir", a ajouté le ministre, soulignant que sur le terrain la "confusion est totale".

Avec AFP