logo

"Ci-gît Alep"

Au menu de cette revue de presse française, mercredi 14 décembre, la reconquête d’Alep par le régime syrien, la formation du futur gouvernement de Donald Trump, et l’histoire des harkis relégués pendant des années dans des hameaux de forestage du sud de la France.

Le + : Recevez tous les matins la Revue de presse de France 24 sur votre iPhone ou sur tout autre mobile. Et également toujours sur votre PC en devenant fan sur Facebook
A la Une de la presse française, ce matin, cette épitaphe: «Ci-gît Alep».
Trois mots noirs sur une page blanche, «Ci-gît Alep», titre Libération. Après un mois de bombardements incessants, Alep est en passe d’être reprise par l’armée de Bachar Al-Assad et ses alliés. Un plan d’évacuation des civils et des rebelles doit débuter ce matin. Libération dénonce «l’ignominie à laquelle on assiste en direct». «B eaucoup d’images, prises à hauteur d’enfants. Ou de drone. Et retransmises en mondovision via les réseaux sociaux» - «car le long calvaire des civils d’Alep, coincés entre les soldats d’Al-Assad et ses alliés miliciens, déchiquetés par les bombes russes et syriennes d’une part, et ce qui reste des rebelles d’autre part, ne se vit pas à huis clos, loin de là», rappelle Libé, qui estime que, oui, «les canaux diplomatiques doivent rester ouverts avec Moscou», mais se demande ce qu’il faut dire de «ceux qui vont au-delà du dialogue et soutiennent la politique d’écrasement des civils d’Alep par Poutine et Assad», ce qu’il faut dire à «ceux qui trompent le monde en faisant croire qu’Al-Assad et Poutine luttent contre le terrorisme» -  «sinon que tout ce qui se déroule sous leurs yeux et en temps réel dans le réduit d’Alep-Est les conduit à se rendre complices de crimes de guerre. Et qu’ils ne pouvaient pas ne pas savoir». La tragédie d’Alep est un « ournant majeur pour l’opposition modérée», mais «ne signifie pas pour autant la victoire du régime», d’après la chercheuse Manon-Nour Tannous, qui prévient dans Libération que «la reconquête plus large (du régime) passera par d’autres massacres» - «la réconciliation, comme la reconstruction, semblent bien hypothétiques», selon elle.
Le Figaro estime lui aussi que la victoire du président syrien est certes «incontestable», mais qu’elle n’est pas «totale». Alors que «Poutine et Assad triomphent dans les ruines d’Alep», le journal, qui mentionne également le rôle crucial de l’Iran, relève que les Occidentaux ont «de facto laissé la main aux Russes», sur l’échiquier syrien. «Ce sont eux qui détiennent les cartes des négociations politiques qui un jour reprendront. Pour Poutine alors, une autre partie commencera», annonce le journal – qui rappelle l’arrivée d’«une nouvelle inconnue dans l’équation», Donald Trump. En attendant, Bachar El Assad gardera les mains libres pour poursuivre la politique de la «terre brûlée», qui a été la sienne dès le début des soulèvements populaires en 2011 - «une révolution impossible», selon le Monde, qui raconte comment la répression du régime et la radicalisation des groupes armées ont eu peu à peu raison des idéaux du soulèvement d’Alep, en 2012, et comment, dès ce moment-là, une manifestation de médecins, pourtant organisée par un syndicat officiel, avait fait l'objet d'une attaque de gros bras, armés de petits couteaux très effilés, qu'ils plantaient dans les côtes des marcheurs, en leur glissant à l'oreille: «C'est un avertissement».
Aux Etats-Unis, Donald Trump poursuit la formation de son futur gouvernement. Le président-élu façonne une Administration «à son image», d’après les Echos, qui détaillent la composition de «l’équipe hors norme qui va gouverner l’Amérique» - une équipe «iconoclaste et quasi vierge de toute expérience», composée de républicains «pur jus», d’alliés de la première heure, de grand patrons et des banquiers – «masculine, blanche, fortunée», résume le journal. «Riche, musclée et russophile», faisant la part belle aux militaires, aux milliardaires et aux amis de Moscou, d’après la Croix, qui précise que parmi ces amis, il y a le PDG d’Exxon Mobil, Rex Tillerson, nommé au Département d’Etat, l’équivalent du ministère des Affaires étrangères. La Croix qui rapporte également que Donald Trump a finalement annulé la conférence de presse qu’il avait annoncée pour demain – un rendez-vous très attendu, 4 jours avant son élection formelle par les grands électeurs, au cours duquel il devait préciser comment il comptait prendre ses distances avec son entreprise, le temps de sa présidence. Cette conférence a été repoussée à une date indéterminée, l’équipe du président-élu se contentant de déclarer que la Trump Organization sera dorénavant dirigée par ses deux fils.
Un mot, pour terminer, de ce reportage de la Croix sur le séjour de milliers de harkis dans des hameaux perdus en pleine forêt, dans le sud de la France, au début des années 60. Ceux que l’on appelle les «harkis» furent des supplétifs de l’armée française du temps de la guerre d’Algérie, dont près de 85000 ont trouvé refuge en France, après l’indépendance algérienne, en 1962. Sur ces 85 000 harkis, 10 000 ont vécu quelque temps dans ce qu’on appelle des hameaux de forestage, de tous petits villages éparpillés essentiellement dans des forêts du sud de la France, isolés pour être maintenus à l’écart des immigrés et des pieds-noirs à une époque où les autorités craignaient encore une reprise de la guerre d’Algérie en métropole, d’après la Croix, qui raconte la ségrégation et la précarité subies par les harkis, dont des descendants tentent aujourd’hui de défendre la mémoire en faisant préserver, voire réhabiliter les hameaux de forestage, où certains ont vécu pendant des années - comme Ali Amrane, 54 ans, de la deuxième génération de harkis, qui a vécu jusqu’à ses 20 ans dans un baraquement de Mouans-Sartoux, dans les Alpes-martimes, à 3 km de l’école la plus proche. Il se souvient: «On était isolés de tout et on restait entre nous. Les enfants de «Français de souche», ne venaient jamais nous voir, et on avait honte de les inviter».
Retrouvez tous les matins sur France 24 la Revue de presse française(du lundi au vendredi, 6h23-7h10-10h40 heure de Paris) et la Revue de presse internationale(du lundi au vendredi à 9h10 et 13h10). Suivez également tous les week-ends en multidiffusion la Revue des Hebdos.