
Le leader sécessionniste serbe de Bosnie Milorad Dodik à Banja Luka, le 25 février 2025. © Elvis Barukcic, AFP
Un référendum avec des conséquences lourdes pour le futur de l’État bosnien. Le Parlement de la Republika Srpska (RS), l'entité des Serbes de Bosnie, a voté en faveur de l’organisation d’un référendum le 25 octobre visant à annuler le verdict contre son président Milorad Dodik, condamné à un an de prison et six ans d'inéligibilité pour le non-respect des décisions du haut représentant international.
Le président nationaliste et sécessionniste de la RS, qui refuse de quitter son poste, a déjà évoqué l'idée d’enchaîner avec un deuxième référendum, portant cette fois sur l'indépendance de l'entité serbe.
Milorad Dodik a été condamné en février par la Cour d'État, à Sarajevo, pour le non-respect des décisions du haut représentant international, chargé de veiller au respect de l'accord de paix dans ce pays des Balkans signé il y a près de 30 ans à Dayton (États-Unis).
Le verdict a été confirmé en appel le 1er août.
Milorad Dodik, qui dirige la RS depuis 2006, a évité de purger sa peine de prison en la convertissant en jours-amende d'environ 19 000 euros. Il refuse cependant de quitter son poste, dénonçant un procès visant à l'"éliminer de la vie politique", et désigne comme son "instigateur", justement, le haut représentant Christian Schmidt, un ancien ministre allemand en poste en Bosnie depuis 2021.
"Politique aventuriste"
Au référendum, les habitants de la RS seront appelés à répondre à plusieurs questions : s'ils acceptent les décisions du haut représentant, les verdicts de la Cour d'État et la décision de la Commission électorale centrale de déchoir le 6 août Milorad Dodik de son mandat présidentiel.
Sur 65 députés présents, 50 ont voté en faveur de l'organisation du référendum, a constaté le président du Parlement, Nenad Stevandic. Les députés de l'opposition, certains présents dans la salle, ont refusé de voter.
"Je ne vous gênerai pas (...) mais vous marchez dans un champ de mines", a lancé Nebojsa Vukanovic, un député de l'opposition, farouche critique de Milorad Dodik. Il a dénoncé une "politique aventuriste".
Ces derniers jours, Milorad Dodik a dit s'attendre à un "grand 'non'" de la population au référendum, et a même menacé d'organiser ensuite, "si cette volonté (du peuple n'était) pas respectée", un référendum d'indépendance de l'entité serbe, prédisant un "grand 'oui'".
La Bosnie-Herzégovine est divisée en deux entités, la RS et la Fédération croato-bosniaque, reliées par un gouvernement central.
Le Parlement de la RS a adopté aussi une série de "conclusions", notamment celle rejetant l'autorité du haut représentant, ses "décisions" et "les conséquences créées par ces décisions".
Milorad Dodik avait été inculpé après une intervention en 2023 de Christian Schmidt dans le code pénal du pays pour y ajouter des sanctions pour le non-respect de ses propres décisions.
Le Parlement "exige" également que Christian Dodik "continue à exercer sa fonction de président de la RS" et "rejette la possibilité" d'organisation d'une élection présidentielle anticipée pour élire son successeur.
La Commission électorale centrale devrait convoquer ce scrutin dans les prochains jours. Sa tenue sera certainement un nouveau test pour la capacité de l'État central d'exercer son pouvoir sur l'ensemble du territoire du pays.
Avec AFP