
Le président vénézuélien Nicolas Maduro et son épouse Cilia Flores, le 10 décembre 2025 à Caracas. © Federico Parra, AFP
Le président vénézuélien a accusé jeudi les États-Unis de "piraterie maritime", au lendemain de l'arraisonnement spectaculaire par les forces américaines d'un pétrolier au large de son pays. "Ils ont enlevé les membres d'équipage, volé le navire et inauguré une nouvelle ère, l'ère de la piraterie navale criminelle dans les Caraïbes", a lancé jeudi soir Nicolas Maduro à la télévision publique.
Résumant la stratégie américaine, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré à la presse que le président Donald Trump n'entendait pas "rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés naviguer sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir, dont les profits alimenteront le narcoterrorisme de régimes voyous et illégitimes". Elle a précisé que le pétrolier serait dirigé vers un port américain et que les États-Unis avaient "l'intention d'en saisir le pétrole", reconnaissant cependant que cela posait des questions légales.
La saisie par les forces américaines du pétrolier, le Skipper, fait craindre une escalade dans la crise avec le Venezuela, alors que Donald Trump a aussi menacé il y a quelques semaines de mener des opérations au sol.
Du pétrole à destination de Cuba
Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été, et mené une série de frappes visant des embarcations suspectées de narcotrafic en provenance du Venezuela. Mais c'est la première fois que le président américain ordonne la saisie d'un pétrolier, visant à priver Caracas de sa principale source de revenus.
La Colombie s'est déclarée prête jeudi à offrir l'asile à Nicolas Maduro, qui accuse Washington de vouloir le chasser pour s'emparer du pétrole de son pays, s'il devait quitter le pouvoir sous la pression des États-Unis.
Soumis à un embargo depuis 2019, Caracas est obligé d'écouler sa production pétrolière sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine. La saisie du pétrolier pourrait peser sur ces exportations, en dissuadant les acheteurs potentiels.
Devant une commission parlementaire, la ministre américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a déclaré jeudi que la saisie visait le "régime" de Nicolas Maduro, que Washington accuse d'être à la tête d'un vaste réseau de trafic de drogue. Caracas dément formellement.
Nicolas Maduro a indiqué que Caracas allait lancer "les actions juridiques et diplomatiques appropriées". Sans dire que quelle nationalité était le navire, il a précisé qu'il transportait "vers les marchés internationaux 1 900 000 barils de pétrole — pétrole qui a été payé au Venezuela, car quiconque importe du pétrole le paie d’abord". Selon des responsables américains, il transportait du pétrole en provenance du Venezuela et de l'Iran à destination de Cuba.
Selon les données du site Vesselfinder vendredi à 2 h 33 GMT, le Skipper se trouvait dans les eaux internationales au sud-est de la Dominique, dans les Antilles, et se dirigeait vers le nord.

La Russie a dit apporter son soutien au Venezuela. Lors d'un échange téléphonique avec Nicolas Maduro, le président russe, Vladimir Poutine, lui "a exprimé sa solidarité" et a "confirmé son soutien" à sa politique "visant à protéger ses intérêts nationaux et sa souveraineté dans un contexte de pressions extérieures croissantes", a expliqué le Kremlin dans un communiqué. Interrogée sur cet échange, la porte-parole de la Maison Blanche a répondu, qu'à son avis, cela n'était pas de nature à "préoccuper" le président américain.
L'opposition démocrate s'est inquiétée de cette escalade et des intentions réelles du président Trump.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé jeudi avoir mis en garde le président américain lors d'un appel téléphonique le 2 décembre. "Je lui ai dit : Trump, nous ne voulons pas d'une guerre en Amérique latine", a déclaré Lula, selon qui le président américain a alors répondu : "mais moi j'ai plus d'armes, plus de bateaux, plus de bombes".
Avec AFP
