La reconquête d'Alep-Est est entrée dans sa "phase finale", selon un général syrien. Mais alors que la ville est sur le point de tomber, l'ONU s'alarme d'informations faisant état d'atrocités commises contre des civils.
La deuxième ville de Syrie, Alep, est en passe d'être reprise totalement par les forces du régime et ses alliés après quatre semaines d'une offensive dévastatrice contre les rebelles. En perdant ses dernières positions à Alep, la rébellion va essuyer son pire revers depuis le début de la guerre en mars 2011.
De leur ancien bastion d'Alep-Est, qu'ils contrôlaient depuis 2012, les insurgés ne tiennent plus que deux principaux quartiers, Soukkari et Al-Machad, en plus d'une poignée de petits secteurs, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"La bataille d'Alep touche à sa fin", a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, en parlant du principal front de ce conflit syrien qui a fait plus de 300 000 morts et déplacé au moins la moitié de la population. Selon un responsable militaire à Alep, l'offensive aérienne et terrestre lancée le 15 novembre par les forces loyales au régime de Bachar al-Assad "entre dans sa phase finale. Nous vivons les derniers moments avant la victoire".
En soirée, du côté ouest d'Alep aux mains du régime, d'intenses tirs de célébration ont été entendus par des journalistes de l’AFP. La télévision d'État montrait elle des scènes de liesse dans le même secteur, avec des habitants qui crient "Allah, Syrie et Bachar", brandissant des portraits de Bachar al-Assad et des drapeaux syriens.

L'ONU s'inquiète d'atrocités commises contre les civils
Dans le même temps, de nombreuses voix s'élèvent dans la communauté internationale, s'alarmant d'exactions commises contre les civils à l'Est, rapportées par des témoins. Certains ont fait état d'exécutions sommaires.
Dans le quartier d'Al-Machad, toujours sous contrôle rebelle, des témoins ont affirmé à l'AFP que de nombreux civils s'entassaient dans un même secteur faute d'abris. Des femmes et des enfants dorment dans la rue adossés à leurs valises. Les gens ont faim et sont à la recherche de pain, selon ces témoins.
Selon des activistes locaux et le témoignage de deux habitants toujours présents dans la dernière poche rebelle, au moins 79 civils ont été exécutés sommairement dans les quartiers de Fardous et Salihine par des milices pro-gouvernementales. Une information rapportée par l'ONU peu de temps après qui fait état de la mort de 82 civils, tués par les forces syriennes dans les quartiers Est de la ville.

Dans un communiqué, un porte-parole du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a fait part de sa préoccupation devant les informations faisant état de possibles atrocités commises à Alep, à l'encontre de femmes et d'enfants notamment.
De son côté, la France a appelé mardi les Nations unies à utiliser "sans délai" tous les mécanismes qui permettraient de faire la lumière sur la situation en cours à Alep. "Toute la lumière doit être faite sur les souffrances infligées aux populations civiles à Alep", a estimé le chef de la diplomatie Jean-Marc Ayrault dans un communiqué. "J'appelle les Nations unies à utiliser sans délai tous les mécanismes qui permettent d'établir la vérité sur ce qui se passe à Alep et à la communauté internationale de faire en sorte que ces crimes ne restent pas impunis."
Fort de ses succès et des soutiens russe et iranien, le régime a ignoré les appels à la trêve et a poursuivi sa campagne destructrice pour reprendre totalement Alep coûte que coûte.
Déclenché par la répression sanglante de manifestations prodémocratie pacifiques, le conflit en Syrie s'est transformé en une guerre très complexe avec la montée en puissance de groupes jihadistes comme l'organisation État islamique (EI), l'implication de forces régionales et de puissances internationales sur un territoire très morcelé. Plusieurs fronts restent embrasés ailleurs dans le pays entre différents belligérants.
Avec AFP et Reuters