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Jusqu'à quel point la Russie s'est-elle immiscée dans la campagne américaine ?

Selon les conclusions d'un rapport de la CIA, commandé par le président sortant Barack Obama, la Russie se serait immiscée dans le processus électoral américain pour aider Donald Trump à gagner.

La Russie a interféré dans la présidentielle pour aider Donald Trump à gagner. C’est en tous cas ce qu’estime la CIA dans une évaluation secrète, dont le Washington Post s'est fait l'écho, vendredi 9 décembre.

"La communauté du renseignement estime que l'objectif de la Russie était de favoriser un candidat par rapport à un autre, d'aider Trump à être élu", a indiqué au Washington Post un haut responsable mis au courant d'un exposé fait par le renseignement à des sénateurs.

Un peu plus d'un mois après le scrutin qui a vu le républicain l'emporter face à Hillary Clinton, des interrogations demeurent toujours sur la nature de l'ingérence russe dans la campagne. Début septembre, le directeur de la police fédérale (FBI) James Comey avait dit prendre "très au sérieux" ce risque. Le département de la Sécurité intérieure (DHS) et la direction du renseignement (DNI) américains avaient accusé, le 7 octobre, la Russie d'avoir piraté des organisations politiques et des systèmes électoraux américains dans le but "d'interférer dans le processus électoral" des États-Unis.

"Il est crucial d’avoir des réponses"

Pour tenter d’y voir plus clair, Barack Obama a donc ordonné un rapport sur les piratages informatiques menés pendant la campagne. Il a réclamé en début de semaine un "examen complet sur ce qui s'est passé lors du processus électoral 2016", a expliqué, vendredi soir, sa conseillère à la sécurité intérieure, Lisa Monaco. Une enquête pour connaître le rôle réel de Moscou dans ces actes malveillants.

Quelques heures plus tard, le Washington Post a révélé qu'une évaluation secrète de la CIA concluait que des personnes liées à Moscou avaient fourni au site WikiLeaks des emails piratés sur les comptes de l'ancien directeur de campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton, John Podesta, et du parti démocrate, entre autres.

Selon Susan Hennessey, ex-avocate de l'agence de renseignement NSA, devenue experte en cybersécurité au centre de réflexion Brookings, le problème de l'interférence de Moscou est réel et il ne s'agit pas de manœuvres politiciennes fomentées par des perdants amers. "L'élection était vraiment très serrée, c'était un événement important. Et c'est pour ça que c'est crucial d'avoir des réponses vraiment sérieuses à tout ça", a-t-elle affirmé.

L’équipe de Trump rejette ces conclusions "risibles"

L'équipe de Trump a immédiatement rejeté les conclusions de la CIA, jugeant que les analystes qui y étaient parvenus "étaient les mêmes que ceux qui disaient que [l'ancien président irakien] Saddam Hussein disposait d'armes de destruction massive".

"C'est devenu risible. [...] À chaque fois que je fais quelque chose, ils disent ‘oh, c'est la Russie qui s'en est mêlée’", avait déjà lancé Trump au magazine Time, mercredi.

Le Post note toutefois que l'évaluation de la CIA est loin d’avoir constitué un rapport en bonne et due forme. Le renseignement américain ne dispose d'aucune preuve montrant que des responsables du Kremlin auraient "ordonné" à des intermédiaires de transmettre les emails piratés à WikiLeaks, note un interlocuteur du quotidien.

Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, lui, se défend d'avoir été manipulé par la Russie pendant la campagne américaine.

À Washington, la Maison Blanche a promis de partager les conclusions du rapport demandé par Obama avec les élus du Congrès mais souligné qu'il contiendrait nécessairement des informations très sensibles qui ne pourraient pas toutes être communiquées au grand public. "Il faut être clair : il ne s'agit pas d'une tentative visant à remettre en cause le résultat de l'élection", a par ailleurs précisé Eric Schultz, porte-parole de l'exécutif américain.

Publiés au compte-gouttes pendant des mois avant l'élection, les emails piratés ont rythmé la campagne. Plusieurs d'entre eux du parti démocrate, publiés juste avant la convention d'investiture du parti en juillet, ont conduit à la démission de sa présidente, Debbie Wasserman Schultz. Ils ont aussi révélé des détails sur les discours rémunérés de Clinton devant des banquiers de Wall Street.

Avec AFP