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Pour Laurent Fabius, la situation à Alep est "un abattoir de la honte"

France 24 a reçu Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, à l’occasion de la sortie de son livre "37, Quai D’Orsay". L’ancien ministre des Affaires étrangères y dresse un bilan de son action à la tête de la diplomatie française entre 2012 et 2016.

S’exprimant au sujet de sa vision de la politique étrangère française, le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius a déclaré sur France 24 mercredi 7 décembre que le rôle de la France était "de défendre ses intérêts" combiné à "une vision pacifique du monde".

Revenant sur ses succès diplomatiques alors qu’il était à la tête du Quai d’Orsay, il s'est dit être "inquiet" du retard pris dans la mise en œuvre du traité destiné à lutter contre le réchauffement climatique depuis la COP 21, dont il a dû céder la présidence en février 2016 à Ségolène Royal [après sa nomination au Conseil constitutionnel]. "Les émissions de gaz à effet de serre continuent", a déploré l’ancien ministre. Une inquiétude accentuée par l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et notamment ses déclarations de campagne ayant qualifié le dérèglement climatique de "canular inventé par les Chinois". "J’espère que sa position va évoluer", a déclaré l’ancien patron du Quai d'Orsay à France 24.

Critiqué par certains spécialistes pour sa trop grande fermeté durant les négociations sur le nucléaire iranien, Laurent Fabius est revenu sur cet épisode marquant de la diplomatie française en 2015. "La fermeté n’est pas un handicap en diplomatie, il faut savoir être conciliant mais ferme", a-t-il affirmé. "Il y a eu des épisodes sportifs, mais la France a vraiment tenu son rang [dans les négociations]", s’est-il félicité. "Ma position a fini par triompher. À l’époque, j’avais bien dit que si l’on signait un accord qui n’était pas jugé sérieux, les pays autour de l’Iran, comme l’Arabie saoudite, voudraient eux aussi se doter de l’arme nucléaire".

"Abattoir de la honte"

Interrogé sur la guerre en Syrie, Laurent Fabius a qualifié la situation à Alep d'"abattoir de la honte". "L’armée de Bachar al-Assad, avec l’appui des Russes et des Iraniens, est en train de tuer des dizaines et des dizaines de civils, et on ne bouge pas", s’est-il indigné, déplorant le véto russe émis lundi au Conseil de sécurité de l’ONU sur une résolution demandant une trêve de sept jours à Alep. "Ce n’est parce que votre pays a une position raisonnable que votre position prévaut", a-t-il soutenu, regrettant que la position de la France ne soit pas davantage entendue.