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Le renseignement allemand arrête un des ses agents soupçonné de préparer un attentat

Un membre du service allemand du renseignement intérieur a été arrêté pour avoir tenu sur des sites internet des "propos islamistes" et d’avoir fourni des informations sensibles aux milieux jihadistes, ont révélé, mardi, plusieurs médias.

La menace venait de l’intérieur. Le service allemand du renseignement, l’Office de protection de la Constitution (BfV), a démasqué et arrêté un de ses agents accusé d’avoir communiqué sur Internet avec d’autres islamistes et de leur avoir proposé des informations sensibles en vue de perpétrer un attentat, selon des révélations de médias allemands, mardi 29 novembre.

“Nous sommes en train de vérifier si et dans quelle mesure, il a pu causer du tort”, a expliqué Hans-Georg Maassen, le président du BfV. C’est la première fois que l’institution allemande se retrouve dans une telle situation, digne d'Homeland, la série américaine sur l'espionnage.

Conversion par téléphone

Pour les espions allemands, cette découverte est d’autant plus gênante que le suspect avait été embauché en avril 2016, précisément pour surveiller la sphère islamiste allemande. L’homme, âgé de 51 ans, n’aurait éveillé aucun soupçon parmi les fins limiers du BfV : "On a clairement affaire à une personne qui s’est radicalisée à l’insu de son entourage", a souligné Hans-Georg Maassen.

Le suspect, un immigré d’origine espagnole naturalisé allemand, se serait converti en secret à l’islam, par téléphone, en 2014. Même sa famille n’aurait rien suspecté, d’après le quotidien Der Spiegel, l’un des premiers médias à avoir rendu l'affaire publique. L'homme s’est ensuite radicalisé au contact du prédicateur berlinois d’origine autrichienne Mohamed Mahmoud, qui a rejoint les rangs de l’organisation terroriste État islamique (EI) en Syrie

Cet espion chez les espions aurait rejoint le renseignement intérieur dans le but assumé de devenir une taupe pour le compte des milieux islamistes, estiment les enquêteurs. Il utilisait différent alias sur Internet pour se vanter, sur des forums spécialisés, de son travail pour le BfV. Il y proposait de fournir des informations sur les prochaines actions des autorités contre les milieux salafistes dans le pays.

Démasqué sur Internet

Un cyberactivisme qui lui sera fatal. L’un de ses contacts sur le Net s’est révélé être un autre agent de l’Office de protection de la Constitution. Dans un chat, il aurait assuré à son collègue de bureau, qui prétendait être un aspirant terroriste, qu’un attentat contre le bureau du BfV serait “bien sûr dans le sens de la volonté d’Allah”. Il lui aurait même dit être “prêt à tout pour aider ses frères”.

Mais rien ne prouve qu’il participait à un projet d’attentat en préparation ou même qu’il projetait de le faire, contrairement à ce qu'avaient tout d'abord affirmé les médias. Les premières informations semblaient indiqué qu'il avait avoué avoir fourni des détails à un groupe terroriste en vue de faire exploser le bureau du BfV. Mais d’après les enquêteurs, aucun élément concret ne vient, pour l’instant, corroborer cette thèse.

Les autorités cherchent également à savoir si l’homme agissait seul, comme une sorte d’électron libre de l’islamisme radical allemand, ou s’il faisait partie d’un groupe. Le pire des scénarios, pour les services de renseignements, serait que le suspect ait rejoint le BfV sur demande d’un groupe terroriste comme l’EI. La perspective d’une opération d’infiltration des forces de l’ordre par des terroristes ne serait clairement pas de nature à rassurer la population allemande, toujours marquée par la série de trois attentats commis en Bavière en 2016.