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Lutte contre la dermatose : les gendarmes interviennent pour déloger des centaines d'agriculteurs
Des gendarmes ont lancé jeudi une opération visant à déloger plusieurs centaines d'agriculteurs. Ils occupent depuis mercredi matin les abords d'une ferme en Ariège. Dans cet élevage, 200 bovins doivent être abattus après la découverte, mardi, d'un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
Des agriculteurs manifestent pour empêcher l'abattage d'un troupeau de 200 vaches, à la suite de la détection de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) aux Bordes-sur-Arize, en Ariège, le 11 décembre 2025. © Matthieu RONDEL / AFP

Une maladie qui suscite la peur et la colère des agriculteurs. Les gendarmes sont intervenus, le jeudi 11 décembre, afin de déloger des centaines d'agriculteurs présents depuis la veille. La découverte d'un nouveau cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), mardi, dans une ferme du village des Bordes-sur-Arize, en Ariège, entraine l'euthanasie des 200 bovins.

Plusieurs centaines d'agriculteurs, de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne, occupent depuis mercredi matin les abords de cette ferme avec des dizaines de tracteurs et des troncs d'arbres. Ils obstruent les routes menant à l'exploitation, a constaté l'AFP.

"Compte tenu de la persistance des blocages et afin de permettre l'accès sécurisé à l'exploitation, d'importants moyens sont mobilisés sur le secteur des Bordes-sur-Arize", a annoncé la préfecture dans un communiqué, appelant "au calme et à la responsabilité de chacun".

Mesures sanitaires

Lutte contre la dermatose : les gendarmes interviennent pour déloger des centaines d'agriculteurs
Des agriculteurs manifestent pour empêcher l'abattage d'un troupeau de 200 vaches, à la suite de la détection de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) aux Bordes-sur-Arize, en Ariège, le 11 décembre 2025. © Matthieu Rondel, AFP

Trente minutes après le lancement de l'opération, les véhicules de gendarmerie mobile n'étaient toujours pas visibles depuis la ferme. À 15 h, les services vétérinaires ne pouvaient pas accéder à l'étable où sont rassemblées les vaches, plus de 200 blondes d'Aquitaine.

"Notre intention est d'empêcher (l'abattage)", a déclaré dans la matinée Jérôme Bayle, figure régionale du mouvement de protestation agricole, assurant que les deux frères propriétaires du troupeau "sont totalement opposés à l'abattage total".

"C'est vraiment une place de résistance et j'espère qu'elle va tenir le plus longtemps possible", a pour sa part assuré Bertrand Venteau, président de la Coordination rurale (CR).

Au micro de la radio Ici Occitanie, le préfet de l'Ariège Hervé Brabant avait auparavant averti que la stratégie d'abattage était la seule efficace "pour préserver le cheptel français". "Les mesures sanitaires qui s'imposent conduisent à ce que le troupeau soit abattu, c'est la meilleure solution qu'on puisse apporter. Aujourd'hui, c'est la seule solution qui fonctionne", a-t-il assuré.

Protocole expérimental

Les syndicats agricoles locaux et la chambre d'agriculture de l'Ariège ont proposé mercredi un protocole expérimental au ministère de l'Agriculture, demandant notamment que seules les vaches contaminées soient abattues et qu'une campagne de vaccination massive soit lancée. Des propositions refusées, selon Jérôme Bayle.

Jusqu'ici, la règlementation visant à stopper la propagation de la maladie prévoit que l'ensemble du troupeau concerné soit abattu et que des "zones règlementées" soient instaurés dans un rayon de 50 km autour du foyer de DNC. Cela correspond à un périmètre dans lequel les déplacements de bovins sont interdits ou restreints et  les bêtes sont vaccinées.

Lutte contre la dermatose : les gendarmes interviennent pour déloger des centaines d'agriculteurs
Un agriculteur, à l'aide d'un tracteur, bloque la route avec des troncs d'arbres lors d'une manifestation pour empêcher l'abattage d'un troupeau de 200 vaches, suite à la détection de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) aux Bordes-sur-Arize, le 11 décembre 2025. © Matthieu Rondel, AFP

Dans les Hautes-Pyrénées, un autre troupeau d'une vingtaine de bovins doit être abattu vendredi, a annoncé jeudi le préfet du département Jean Salomon. Dans cette exploitation située dans le village de Luby-Betmont, quelques dizaines d'éleveurs sont également mobilisés pour empêcher l'intervention des services vétérinaires.

"Les tentatives de blocage ou les regroupements observés en proximité des exploitations font courir à tous les éleveurs un risque de propagation supplémentaire de la maladie", s'est inquiété le préfet des Hautes-Pyrénées.

"le feu dans les campagnes"

"La mobilisation paye, ça a retardé l'échéance", considère Bertrand Venteau, appelant à une vaccination massive et à "une grande unité du monde agricole". La ministre de l'Agriculture "Annie Genevard doit changer sa politique, sinon elle va nous foutre le feu dans les campagnes", a-t-il poursuivi, estimant que la maladie "n'est pas sous contrôle".

Lutte contre la dermatose : les gendarmes interviennent pour déloger des centaines d'agriculteurs
Le président de la Coordination rurale (CR) de l'Ariège, Sébastien Durand (à gauche) et la figure régionale du mouvement de protestation agricole, Jérôme Bayle (2e à gauche), participent à une manifestation d'agriculteurs pour empêcher l'abattage d'un troupeau de 200 vaches, suite à la détection de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) aux Bordes-sur-Arize, le 11 décembre 2025. © Matthieu Rondel / AFP

Apparue en juin en France et non transmissible à l'humain, la DNC peut entraîner la mort de bovins. Cette maladie est "sous contrôle" assure de son côté le ministère de l'Agriculture, qui a ouvert mardi "des réflexions" sur la vaccination préventive du cheptel français.

Contrairement à la CR et à la Confédération paysanne, la FNSEA y est plus réticente en raison du "risque d'effondrement des exportations et des prix" qu'elle pourrait entraîner, a expliqué mardi à l'AFP son président, Arnaud Rousseau.

Les cas détectés de DNC dans l'Ariège et les Hautes-Pyrénées sont les premiers recensés dans ces départements depuis la détection du premier foyer en Savoie le 29 juin 2025.

En Occitanie, une centaine de manifestants avaient tenté de s'opposer début novembre à l'abattage de 80 bovins dans un élevage touché par la DNC à Thuès-Entre-Valls, dans les Pyrénées-Orientales. Ils avaient été délogés par les gendarmes avant que les services vétérinaires ne procèdent aux euthanasies.

Avec AFP