Un ministre congolais indique que des pourparlers de paix vont se tenir lundi à Nairobi entre le gouvernement et la rébellion tutsie de Nkunda. Par ailleurs Kinshasa et Kigali ont adopté un plan militaire contre les rebelles hutu rwandais.
AFP - Le gouvernement congolais a annoncé vendredi pour la première fois une rencontre directe avec la rébellion de Laurent Nkunda, lundi à Nairobi, pour "formaliser" le cessez-le-feu dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Kinshasa a également révélé l'adoption d'un plan militaire conjoint avec le gouvernement rwandais contre les miliciens hutu rwandais présents sur le sol congolais, dont Kigali réclame le démantèlement depuis des années.
Des représentants du gouvernement congolais rencontreront dans la capitale kényane des délégués du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, a déclaré le chef de la diplomatie congolaise, Alexis Thambwe Mwamba.
Cette rencontre se déroulera "sous les auspices du médiateur" de l'ONU, l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo et vise à "formaliser le cessez-le-feu et discuter de la feuille de route de la paix à l'est de la RDC", a-t-il précisé.
Laurent Nkunda et le président congolais Joseph Kabila ne participeront pas à la réunion, selon une source diplomatique.
Depuis des semaines, les rebelles du CNDP exigeaient l'ouverture de négociations directes avec le gouvernement congolais. Mais Kinshasa voulait inclure dans les pourparlers l'ensemble des groupes armés actifs dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
Un premier pas avait été franchi en début de semaine, quand le gouverneur de la province du Nord-Kivu avait offert de rencontrer le leader des rebelles, quitte à aller sur son territoire.
La rébellion contrôle depuis des semaines une partie du Nord-Kivu, théâtre depuis la fin août de combats à grande échelle entre le CNDP et l'armée régulière.
Elle avait toutefois adopté unilatéralement un cessez-le-feu à la fin octobre, qui a permis le maintien d'un calme précaire. La Mission de l'ONU en RDC (Monuc) a ainsi évoqué vendredi "l'effectivité du cessez-le-feu".
Des affrontements sporadiques se poursuivent toutefois entre le CNDP, d'un côté, et de l'autre des milices Maï-Maï et les Hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui collaborent parfois sur le terrain avec l'armée congolaise.
Ces milices rwandaises ont fait l'objet vendredi d'un accord entre Kinshasa et Kigali lors d'une rencontre entre M. Thambwe et son homologue rwandaise Rosemary Museminali à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.
"Les deux délégations ont défini un plan d'opérations détaillé" contre les FDLR, ont déclaré les deux ministres dans un communiqué commun.
Selon une source diplomatique, les opérations militaires contre ces milices débuteront au 1er trimestre 2009 et seront menées conjointement par la Monuc et l'armée congolaise avec un soutien en renseignement et logistique du Rwanda.
L'idée est "d'éviter le déploiement de troupes rwandaises sur le sol congolais", a précisé cette source.
A deux reprises, en 1996-1997 et entre 1998 et 2002, le Rwanda a envoyé des troupes en RDC, justifiant ses opérations par la présence des rebelles hutu rwandais. Le Rwanda exige toujours le désarmement des FDLR, qui comptent parmi eux des auteurs du génocide tutsi au Rwanda en 1994.
De son côté, Kinshasa, qui nie toute coopération avec les FDLR, accuse le Rwanda de soutenir Laurent Nkunda, ce que Kigali dément.
Ces questions empoisonnent depuis des années les relations bilatérales, mais les pays ont renoué contact quand les combats ont repris au Nord-Kivu. M. Thambwe s'était rendu le 28 octobre à Kigali, amorçant une série de rencontres bilatérales.
Les deux ministres avaient affirmé vendredi vouloir poursuivre la "normalisation" de leurs relations, notamment en rouvrant les canaux de représentation diplomatique.