logo

France : l'Iranienne Mahdieh Esfandiari, que Téhéran veut échanger, libérée sous contrôle judiciaire
Mahdieh Esfandiari, une Iranienne poursuivie par la justice française pour apologie du terrorisme, et qui fait partie d'un échange discuté entre la France et l'Iran pour obtenir la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris, a été libérée mercredi sous contrôle judiciaire en attendant son procès prévu en janvier. Elle n'a pas le droit de quitter le territoire français.
Des manifestantes tiennent des portraits de Mahdieh Esfandiari devant l'ambassade de France à Téhéran le 21 octobre 2025. © Vahid Salemi, AP

L'Iranienne Mahdieh Esfandiari, poursuivie en France pour avoir fait l'apologie du terrorisme et dont Téhéran proposait l'échange contre deux Français détenus en Iran, a obtenu mercredi 22 octobre, contre l'avis du parquet, sa libération sous contrôle judiciaire jusqu'à son procès à Paris en janvier.

Annoncée par les autorités iraniennes, la remise en liberté de Mahdieh Esfandiari, arrêtée en février dernier, a été confirmée à l'AFP par le parquet de Paris et son avocat, Me Nabil Boudi.

Dans un communiqué, le ministère iranien des Affaires étrangères s'est "félicité de la décision du juge français", et dit qu'il "poursuivra ses efforts" jusqu'à ce qu'elle "puisse rentrer au pays". Téhéran estimait que Mahdieh Esfandiari était injustement détenue. Mais pour l'instant, cette dernière n'a pas le droit de quitter le territoire français, jusqu'à son procès prévu du 13 au 16 janvier 2026 devant le tribunal correctionnel de Paris.

Son contrôle judiciaire prévoit notamment selon le parquet une "obligation de pointer au commissariat" et une "interdiction des réseaux sociaux" sur lesquels elle est suspectée d'avoir fait l'apologie du terrorisme.

Cécile Kohler et Jacques Paris

Mahdieh Esfandiari fait partie d'un échange discuté entre la France et l'Iran pour obtenir la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris, deux Français détenus en Iran depuis mai 2022 et que Paris considère comme des "otages d'État".

Le mois dernier, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, avait déclaré qu'un accord approchait de sa "phase finale". Lundi, Téhéran avait affirmé que les deux pays avaient "la volonté" de résoudre cette affaire.

Le parquet s'était opposé à la remise en liberté de Mahdieh Esfandiari, mais n'a pas été suivi par les juges au cours de cette audience relais. Ces audiences, qui se tiennent régulièrement entre la décision de renvoi d'un prévenu devant le tribunal et son jugement, permettent entre autres d'examiner les demandes de remise en liberté.

Apologie du 7-Octobre

Le parquet "s'est rigoureusement opposé" à la demande de libération, évoquant "le risque de fuite, mais il n'a pas été suivi", s'est félicité l'avocat de Mahdieh Esfandiari. "Le tribunal a considéré que la détention provisoire avait été bien trop longue au regard des faits reprochés", a ajouté Me Nabil Boudi. Selon lui, Mahdieh Esfandiari ne s'est pas exprimée lors de cette audience sur le fond des faits qui lui sont reprochés, et "attend avec impatience" de "pouvoir s'expliquer" devant le tribunal.

En janvier, elle devra notamment répondre d'apologie et de provocation au terrorisme en ligne ainsi que d'injure raciste et d'association de malfaiteurs, dans le cadre d'une enquête ouverte il y a deux ans autour de comptes Telegram intitulés "Axe de la résistance". Elle a donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire, un an plus tard.

Ces contenus, déclinés aussi en émission sur internet, avaient été signalés comme "faisant l'apologie des attentats commis en Israël le 7 octobre 2023, provoquant à des actes de terrorisme et injuriant la communauté juive", a rapporté le parquet.

Alain Soral

Mahdieh Esfandiari a été interpellée le 28 février 2025 à Villeurbanne (Rhône). La justice la suspecte d'avoir alimenté l'un de ses co-prévenus "en contenus à diffuser, et en conseils de prudence sur l'anonymat et les transferts d'argent en crytomonnaies".

En perquisition, "ont été retrouvés des livres sur le régime iranien, ainsi que notamment plus de 2.000 euros en liquide" chez cette femme de 39 ans, née en Iran, et arrivée en France après ses 20 ans. "Après avoir effectué des gardes d'enfants et fondé une entreprise de traduction, interprétariat et enseignement, elle semblait envisager de retourner dans son pays natal", retrace le parquet.

Au total, quatre autres personnes doivent être jugées aux côtés de Mahdieh Esfandiari en janvier, soupçonnées d'être impliquées à différents degrés dans l'administration ou la publication de ces contenus faisant l'apologie du terrorisme. 

Parmi eux, Maurizio B., chez qui ont été retrouvés un exemplaire de "Mein Kampf" d'Adolf Hitler ou une arme de poing, a également obtenu mercredi son placement sous contrôle judiciaire.

Le polémiste d'extrême droite Alain Soral, condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine, devra répondre d'apologie du terrorisme en ligne et association de malfaiteurs. Résident en Suisse, il n'a jamais répondu aux convocations du juge d'instruction.

Avec AFP