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Emmanuel Macron officialise sa candidature à la présidentielle française

Après plusieurs semaines de faux suspens, Emmanuel Macron a officialisé sa candidature à la présidentielle de 2017. Son pari : dépasser les clivages partisans en lançant une "révolution démocratique profonde"… dont les contours restent flous.

"Je veux faire entre la France dans le XXIe siècle." Ce n’était un secret pour personne, Emmanuel Macron a officiellement annoncé, mercredi 16 novembre, sa candidature à l’élection présidentielle française. "Je suis candidat à la présidence de la République car je crois plus que tout que nous pouvons réussir, que la France peut réussir" a déclaré l’ancien ministre de l’Économie en marge d’une visite dans un centre de formation de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, près de Paris.

"Une opportunité nous est offerte en mai prochain : celle de refuser le statu quo", a-t-il lancé à l’occasion d’un discours axé sur sa volonté de rompre avec "les appareils politiques", qui "depuis 40 ans ont poursuivi leur propre intérêt".

À seulement 38 ans, l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande se lance donc dans la bataille sans passer par la case "primaire de la gauche". Si l’ex-banquier d’affaires fait cavalier seul, c’est, a-t-il affirmé en substance, pour se présenter devant les électeurs en homme neuf, héraut d’une "révolution démocratique profonde" qui dépasse les clivages partisans.

De fait, au sein de son mouvement En marche !, lancé en avril, le nouveau candidat déclaré fait le pari de rallier les déçus des formations traditionnelles, tout particulièrement du Parti socialiste (PS) qui, à en croire les sondages, aura bien du mal à présenter un candidat au second tour de la présidentielle. Inconnu du grand public il y a encore deux ans, Emmanuel Macron se targue d’avoir atteint en un temps record une notoriété et un niveau d'organisation enviables. Ses proches égrènent avec fierté les chiffres : près de 100 000 adhérents structurés en plus de 1 700 comités locaux, plus de 2,7 millions d'euros de dons, une cinquantaine de parlementaires conquis...

Son credo : la démocratie participative, socle, selon lui, de la nouvelle "offre progressiste" qu’il entend proposer. Depuis le mois de mai, la méthode de sa "grande marche" consiste à faire du porte-à-porte pour aller "à la rencontre des Français" et établir un "diagnostic du pays" sur lequel il veut construire son "action".

Mais pour ses détracteurs, Emmanuel Macron se jette dans le grand bain sans avoir encore déterminé les contours de son "action". "J'ignore qui est Emmanuel Macron, quelles sont ses orientations, a raillé mardi Arnaud Montebourg, candidat à la primaire organisée par le PS. Il a une équipe de campagne très étoffée, la quasi-totalité des magazines, beaucoup d'organes de presse […] C’est le candidat des médias".

Emmanuel Macron officialise sa candidature à la présidentielle française

En homme pressé, le jeune candidat fait un saut dans l’inconnu. Parviendra-t-il à conquérir un espace politique ? À réunir ses parrainages ? À convaincre les parlementaires socialistes de le suivre malgré les menaces d'exclusion de leur parti ?

"Rien n'est jamais écrit à l'avance"

Reste que la candidature de l’ancien locataire de Bercy ne fait pas les affaires de la gauche. Interrogé mardi par France 24, RFI et TV5 Monde, François Hollande, qui a lancé Emmanuel Macron en le choisissant comme conseiller à l'Élysée et se retrouvera avec un rival inattendu face à lui s'il décide de se représenter, a refusé de commenter ce qui était alors une "possible annonce". Mais si la gauche "n'est pas rassemblée, elle ne pourra pas être au rendez-vous", a-t-il tenu à préciser.

Selon les sondages, Emmanuel Macron et, dans une moindre mesure, le Premier ministre Manuel Valls, qui ne cache pas se préparer, feraient de meilleurs présidents que le chef de l'État sortant aux yeux de nombreux Français. Tous deux devancent les anciens ministres socialistes Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, avec un avantage à Emmanuel Macron préféré par 56 % des Français à Manuel Valls dans un récent sondage Odoxa pour France Info, pour affronter la droite et le Front national (FN) en cas de renoncement de François Hollande.

En matière d'intentions de vote, aucun des deux n'est cependant donné qualifié au second tour de la présidentielle, pas plus d'ailleurs que les autres candidats de gauche, tel Jean-Luc Mélenchon, champion de la "France insoumise".

À ce jour, Emmanuel Macron est au mieux crédité d'environ 14 % des suffrages au premier tour de la présidentielle. Mais certains estiment que l’élection de Donald Trump l’a conforté dans sa volonté de créer la surprise. "Rien n'est jamais écrit à l'avance", avait-il écrit au lendemain de la présidentielle américaine.

Avec AFP