Affaiblie par les départs successifs de l'Afrique du Sud, du Burundi et de la Gambie, la CPI a enregistré une nouvelle défection mercredi : la Russie a annoncé qu'elle allait retirer sa signature du traité fondateur.
Triste automne pour la Cour pénale internationale (CPI). La Russie lui a porté un nouveau coup, mercredi 16 novembre, en annonçant son intention de retirer sa signature du traité fondateur. Lundi, la Gambie avait déjà officiellement notifié son retrait de la CPI auprès des Nations unies, après l'Afrique du Sud et le Burundi en octobre. Les retraits prendront effet un an après la réception de cette notification.
Les déconvenues de l’instance pénale internationale font notamment suite aux critiques, récurrentes sur le continent, de persécution envers les Africains. Actuellement, neuf des dix enquêtes menées par la Cour prennent place en Afrique tandis que la dixième a lieu en Géorgie. Plusieurs examens préliminaires, étape préalable à l'ouverture d'une éventuelle enquête, sont par ailleurs en cours, comme en Colombie, en Afghanistan et en Palestine.
La Russie, quant à elle, a justifié sa décision en reprochant à la CPI de ne pas être "véritablement indépendante" et de ne pas avoir été à la hauteur des espoirs suscités lors de la signature du Statut de Rome en 2000. Si Moscou y avait apposé sa signature, elle n’avait toutefois jamais ratifié le texte.
"Ne partez pas !"
"Je leur lance un message solennel : ne partez pas !", a déclaré le président de l'Assemblée des États parties au Statut de Rome, Sidiki Kaba, à La Haye. Quelques heures plus tôt, c’est lui qui dénonçait une "justice à géométrie variable" alors que la Russie a bloqué devant le Conseil de sécurité de l'ONU plusieurs tentatives pour référer la situation en Syrie à la CPI.
Après la Gambie et la Russie, d’autres grands détracteurs de la CPI, le Kenya, la Namibie et l'Ouganda pourraient suivre, d'après les experts, alors que le Soudan a lancé fin octobre un appel à tous les pays africains à quitter la CPI.
Pour le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad al Hussein, "il n'existe pas de substitut à la CPI". "Ne trahissez pas les victimes, ni votre propre peuple", a-t-il exhorté, dénonçant une "tendance à l'isolationnisme".
Avec AFP