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Des organisations américaines de défense des droits redoutent que l'élection de Donald Trump ait libéré des pires démons aux États-Unis, en constatant la remontée d'une parole raciste ou homophobe, voire d'actes de violences insupportables.

Croix gammée et slogan nazi tagués sur une devanture de Philadelphie, chants xénophobes entonnés un lycée de New York, lettres de menaces distribuées dans les boîtes aux lettres, injures envahissant les campus universitaires... Depuis l’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis, les témoignages dénonçant des actes à caractère raciste, antisémite ou homophobe se multiplient dans tout le pays.

Ils sont le plus souvent relayés sur les réseaux sociaux, à l’instar de celui de la journaliste Mehreen Kasana qui écrit sur Twitter : "Je porte un foulard. Aujourd'hui quelqu'un m'a dépassée sur le quai en me disant : Ton heure a sonné, ma petite." Sur Twitter toujours, c'est l'ancienne Première dame, Michelle Obama, qui a été la cible de propos racistes. "Ce sera rafraîchissant d'avoir une première dame élégante, belle et digne à la Maison Blanche. J'étais fatiguée de voir un singe en talons", a écrit la directrice d'une grande entreprise. Son message a été retweeté des centaines de fois avant d'être supprimé de son compte.

"Faites vos valises"

La minorité hispanique, cible d'attaques par Donald Trump durant toute sa campagne, semble particulièrement exposée, comme l'a constaté l'organisation Southern Poverty Law Center (SPLC) qui a commencé un recensement des récents débordements racistes. "Dans la cafétéria, des gens ont scandé 'Construisez le mur' (le président élu compte batir "un mur" à la frontière avec le Mexique pour limiter l'immigration clandestine, NDLR). Dans ma classe des élèves ont crié : 'Si vous n'êtes pas nés ici, faites vos valises'", a constaté un enseignant de l'État de Washington. "Ce n'est pas comparable à l'époque (de la ségrégation et) du mouvement des droits civiques. Personne n'incendie des églises. Mais il y a sans aucun doute un essor ", a commenté au New York Times Richard Cohen, le président du Southern Poverty Law Center. La police fédérale américaine a rendu public lundi 14 novembre un rapport faisant état d'une hausse de 67 % des actes antimusulmans en 2015.

Aux quatre coins des États-Unis, diverses institutions éducatives, parfois de réputation très progressiste, ont enregistré des faits inquiétants. Parfois, il s'agit de simples graffitis dans les toilettes mais leur message est dévastateur. Sur ces inscriptions, le slogan de campagne de Donald Trump, "Rendre sa grandeur à l'Amérique", est parfois modifié en "Rendre sa blancheur à l'Amérique". On peut également lire le pire vocabulaire xénophobe désignant les Noirs ou les Latinos, ou les mots les plus méprisants envers les homosexuels. À New York, des croix gammées ont été peintes dans le quartier de Brooklyn, conduisant la police à ouvrir une enquête. "Nous ne tolèrerons pas les actes de violence dans notre ville si belle par sa diversité", a prévenu la mairie de New York.

Des témoignages de violence physique

Parfois, les actes de haine ne se cantonnent pas au niveau verbal. Une étudiante musulmane de l'université de San José a relaté qu'un homme blanc avait tenté de lui arracher son voile, manquant de la faire suffoquer. Une autre étudiante de l'université d'Ann Arbor, dans le Michigan, a expliqué avoir été abordée par un homme la menaçant de l'enflammer avec son briquet si elle ne retirait pas son foulard. À Missoula, dans l'État du Montana, des tracts de l'American Nazi Party ont été distribués dans des zones résidentielles, accusant les juifs de contrôler les médias. La synagogue locale a demandé à la police un renfort de sécurité.

C'est dans ce climat inquiétant que Donald Trump a nommé comme haut conseiller à la Maison Blanche le sulfureux Steve Bannon, un ultra-conservateur connu pour ses liens avec les suprématistes blancs. Ce choix "ne fait qu'enhardir davantage les franges extrémistes en cette période très tendue", a conclu Oren Segal, directeur de l'organisation Anti-Defamation League (ADL). Interrogé sur les dérapages et attaques xénophobes constatés depuis sa victoire électorale, Donald Trump a assuré qu'il s'agissait d'un "très petit nombre" de faits et qu’il fallait que "cela s’arrête".

Avec AFP