Si durant la campagne, Donald Trump s'est montré évasif sur la politique étrangère qu'il entendait mené une fois à la Maison blanche, il a, en revanche, affirmé que les actions de Barack Obama au Moyen-Orient seraient totalement revues.
"Si vous regardez le Moyen-Orient, c'est le chaos total", avait assèné Donald Trump lors de la course à la Maison Blanche, et qualifié de "désastre" la politique de l'administration Obama. Son programme de politique étrangère étant resté très flou durant toute la campagne présidentielle, d’aucuns s’interrogent sur les décisions à venir sur le front diplomatique. Au Moyen-Orient, zone de conflits sensible s’il en est, son élection a été accueillie sans grand enthousiasme.
Bonne nouvelle pour les Israéliens, inquiétude des Palestiniens
En Israël, si la classe politique voit l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche comme une bonne nouvelle, elle suscite en revanche une forte inquiétude chez les Palestiniens.
Durant la campagne, le candidat républicain a déclaré qu'il déplacerait l'ambassade des États-Unis, actuellement à Tel-Aviv, à Jérusalem, une manière implicite de reconnaître officiellement cette ville comme la capitale d'Israël, ce que l’État hébreu appelle de ses vœux depuis longtemps. Bien que de nombreux candidats à la Maison Blanche aient déjà formulé cette promesse, l'homme d'affaires semble plus susceptible de passer à l'acte, problement soutenu par un Congrès dominé par les républicains.
Benjamin Netanyahou, dont les relations avec Barack Obama sont notoirement exécrables, a salué dans un communiqué la victoire d'un "véritable ami" d'Israël. Le ministre israélien de l'Éducation, Naftali Bennet, dont le parti le Foyer juif promeut la colonisation et s'oppose à la solution des deux États, s'est montré encore plus explicite. "Le temps d'un État palestinien est terminé", a-t-il jugé dans un communiqué.
"Aller en Irak, c’est peut-être la pire décision jamais prise par quiconque"
Les interventions américaines au Moyen-Orient, considérées comme désastreuses, sont également dans le viseur. S’opposant aux supposés excès interventionnistes de son prédécesseur, Donald Trump s’est engagé, lors de ses meetings, à ne s'engager dans aucun conflit "sauf si ça nous assure une plus grande sécurité pour la nation".
Donald Trump va-t-il mettre un terme à certaines opérations ? Rien n’est moins sûr d’autant qu'il a souvent varié dans ses propos. "Aller en Irak, c’est peut-être la pire décision jamais prise par quiconque, jamais prise par un président, dans l’histoire de ce pays", avait ainsi déclaré le milliardaire, en février, lors d’un débat en Caroline du Sud. Dans une interview publiée en 2002, il se montrait pourtant plutôt favorable à l’intervention.
Aujourd'hui, il hérite du suivi des opérations militaires lancées contre Mossoul, l’un des fiefs de l’organisation État islamique (EI) en Irak. "Tant pis pour l'effet de surprise. Quelle bande de tocards nous avons", avait-il lancé lors d'un meeting, samedi 5 novembre, à propos de la préparation durant des mois de cette bataille hautement symbolique.
Selon plusieurs militaires et analystes irakiens, rencontrés par Anne-Sophie Le Mauff, correspondante de France 24 à Bagdad, "les grands contours de la politique américaine en Irak ont déjà été décidés dans des sphères qui dépassent de très loin les fonctions présidentielles. Et personne ne s‘attend à de grands changements, à l’exception d'un rapprochement russo-américain, ce qui conduirait à une lutte synchronisée de frappes contre l’EI".
Vers un rapprochement avec Moscou
Sur la question syrienne, Donald Trump est aussi très attendu. L’administration syrienne s’est empressée de le féliciter, et pour cause : Donald Trump n’a pas caché son intention de se rapprocher de Moscou, grand allié de Damas. Le président élu admire le chef d'État russe. Une admiration réciproque, puisque Vladimir Poutine l'avait qualifié d'"homme brillant et plein de talent".
L’amélioration des relations américaines avec Moscou tendrait vers un même objectif : la destruction de l’organisation État islamique. Les positions du candidat populiste sur sa stratégie pour lutter contre les jihadistes ont là aussi évolué. En septembre 2015, il privilégiait "l'attentisme" en suggérant que le régime syrien et les jihadistes s'entretuent. Six mois plus tard, il s'engageait à "mettre l'EI K.-O." en dépêchant "20 000 à 30 000" soldats américains en Syrie et en Irak. En juillet dernier, il avait déclaré au New York Times: "Assad hait l'EI, l'EI hait Assad. Ils se battent l'un contre l'autre, et on est censés combattre les deux ? L'EI est une bien plus grande menace contre nous qu'Assad". Puis en octobre, il avait mouché son colistier Mike Pence qui avait réclamé des frappes contre Damas.
Nombre d’experts de la Syrie estiment que sous l’ère Trump, l’administration américaine pourrait cesser de soutenir les rebelles syriens que Moscou et Damas accusent d’être des jihadistes.