Le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé mardi soir la mise en place d’un vaste plan de démonétisation des billets de 500 et 1 000 roupies (6,5/13 euros) dans le but de lutter contre l'évasion fiscale.
Le plan avait été préparé dans le plus grand secret et seule une poignée de conseillers et de décideurs indiens étaient dans la confidence avant que le Premier ministre indien ne s’adresse à la nation mardi 8 novembre.
Prenant tout le monde de court, Narendra Modi a annoncé que les billets de 500 et 1 000 roupies (6,5/13 euros), plus hautes valeurs faciales en circulation, n'avaient plus de valeur légale. En tout, 24 milliards de billets ont ainsi été soudainement démonétisés pour lutter contre l'évasion fiscale provoquée par les grandes sommes d'argent liquide que les Indiens conservent chez eux.
Les Indiens doivent donc changer leurs billets de 500 et 1 000 roupies contre de nouvelles coupures ou les déposer sur un compte en banque, tout en étant en mesure d'attester de la provenance des grosses sommes. Les files d’attente aux guichets des banques se sont multipliées dès l’annonce de cette mesure.
Des centaines de millions d'Indiens se retrouvaient soudain avec insuffisamment d'argent liquide dans leur portefeuille pour les achats du quotidien, dans une économie où 90 % des transactions se font en cash.
Élu avec la promesse de combattre âprement la corruption, le Premier ministre indien s'est convaincu au printemps dernier qu'il lui fallait une mesure choc pour montrer sa détermination.
Approvisionnement des établissements bancaires
Mardi soir, à un millier de kilomètres au sud de Delhi, la banque centrale indienne mettait au parfum les dirigeants des banques du pays de cette nouvelle mesure.
Dans la matinée, ceux-ci avaient été convoqués à la Reserve Bank of India (RBI) pour y recevoir un coffre. À l'intérieur, leur avait été-t-il dit, les nouveaux billets de 2 000 roupies annoncés de longue date.
Les responsables repartirent avec les coffres, et la stricte interdiction de les ouvrir ou d'en parler, selon le journal Mint. Au moment de l'ouverture, le soir, quelle ne fut pas leur surprise de découvrir qu'ils contenaient également des billets inédits de 500 roupies.
Mais approvisionner tous les établissements bancaires de ce gigantesque pays, qui s'étend des pics de l'Himalaya aux îles Andaman dans le golfe du Bengale en passant par des campagnes isolées, est un défi compliqué. "Un cauchemar", s'alarme Pradip Shah, ancien cadre de HDFC Bank. "Ca va être problématique pour beaucoup de personnes."
Jeudi, après une fermeture de 24 h pour préparer la transition, les banques étaient prises d'assaut et les distributeurs automatiques ne fonctionnaient pas.
Avec AFP