
L’élection aux États-Unis du candidat républicain Donald Trump a été fraîchement accueillie par les marchés financiers. Après le Brexit, ils craignent la montée en puissance du protectionnisme.
Le Brexit à peine digéré, les marchés financiers ont dû avaler la victoire de Donald Trump. D’un point de vue financier, l’onde de choc de la victoire du candidat républicain à la présidentielle américaine, mercredi 8 novembre, dépasse celui du “Yes” britannique à la sortie de l’Union européenne.
Peu avant la confirmation de la victoire de Donald Trump, le peso mexicain était déjà à son plus bas historique par rapport au dollar, tandis que le yen japonais et l’or - deux valeurs refuges - évoluaient en forte hausse. Les marchés financiers à travers le monde ont tous encaissé le choc politique américain en sombrant dans le rouge.
Donald Trump incarne l’incertitude
La surprise explique en partie la réaction des marchés financiers. Au même titre que le vote en faveur du Brexit au Royaume-Uni, en juin 2016, les sondages n’avaient pas anticipé une victoire de Donald Trump. L’ampleur du désarroi des marchés s’explique aussi par le poids des États-Unis, gendarme du monde et première puissance économique.
Mais ce n’est qu’une facette de l’Histoire. “Donald Trump représente l’incertitude”, résume Pascal de Lima, économiste en chef du cabinet de conseil EcoCell. Les investisseurs ont traditionnellement horreur de ne pas savoir dans quelles eaux économiques ils doivent naviguer. Hillary Clinton incarnait la continuité de la politique de Barack Obama, tandis que le programme économique du futur président des États-Unis est perçu comme flou.
La victoire de Donald Trump fait écho au vote sur le Brexit sur un autre point, qui déplaît aux investisseurs. “Dans les deux cas, c’est le signal d’un retour au pouvoir de l’idéologie protectionniste dans des grandes puissances mondiales”, remarque Pascal de Lima. Le rejet britannique de l’UE n’était donc pas un accident isolé : le libre-échange et la libre-circulation des capitaux, essentiels aux marchés financiers modernes, a pris un sérieux coup de vieux avec l’élection de l’ex-homme d’affaires américain.
Bons baisers de Chine
Au-delà du triomphe du repli économique, ce sont aussi les mesures concrètes qui inquiètent les acteurs économiques accros à la mondialisation. Donald Trump s’est montré particulièrement virulent à l’égard de Pékin pendant la campagne, l’accusant de voler les emplois des Américains et d’être un manipulateur de devises. Pour Pascal de Lima, une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine n’est dorénavant pas à exclure. La conséquence serait que “Pékin aurait davantage de mal à commercer avec un pays, qui représente 45 % de ses exportations, ce qui risque d'accélérer une crise économique en Chine”, estime l’économiste français. Une crise qui pourrait alors s’étendre au reste du monde. Le président chinois Xi Jinping est conscient du danger et a adopté un ton volontairement conciliant : “Je suis impatient de travailler [avec Donald Trump] sans confrontation et sans conflit”, a-t-il affirmé, mercredi.
Il n’y a pas que la Chine qui risque de trinquer sous l’ère Trump. Le nouveau président veut rompre les accords de libre-échange conclus avec l’Amérique du Sud et l’Asie. Il a aussi condamné le controversé traité transatlantique, censé donner un coup d’accélérateur au commerce entre les États-Unis et l’Europe.
Si le Royaume-Uni semble se remettre lentement de la débandade économico-financière de l’après-référendum, les effets de la victoire Trump risquent de se faire ressentir bien plus longtemps. Les réformes qu’il a proposées devraient changer sur le long terme l’économie américaine et n’ont donc pas fini d’inquiéter les marchés financiers. Il ne leur reste plus qu’à espérer que le président Trump fasse table rase des provocations de campagne du candidat Donald et trouve une manière plus apaisée de “rendre sa grandeur aux États-Unis”.