La victoire à l'élection présidentielle américaine du républicain populiste Donald Trump, sans aucune expérience politique, plonge les États-Unis et le monde dans l’incertitude.
La victoire choc du républicain populiste Donald Trump à la présidentielle américaine intervient à l'issue de 18 mois d'une campagne électorale qui a profondément divisé les États-Unis et stupéfié le monde par ses outrances. Les propositions du milliardaire en matière de politique étrangère et d'économie suscitent une certaine inquiétude sur le front diplomatique... mais l'extrême droite exulte.
L'Union européenne "va continuer à travailler" avec les États-Unis après la victoire de Donald Trump, a affirmé mercredi la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini. "Les liens UE-USA sont plus profonds que n'importe quel changement politique", a-t-elle tweeté.
"Ce sera difficile mais il est le président librement élu", a, de son côté, commenté Martin Schulz, président du Parlement européen. Bruxelles a, par ailleurs, officiellement invité Donald Trump à un sommet UE-USA "dès que cela lui conviendra".
Au Royaume-Uni, la Première ministre britannique Theresa May a, au contraire, affiché son optimisme. "Le Royaume-Uni et les États-Unis ont une relation durable et spéciale basée sur les valeurs de la liberté, la démocratie et l'entreprise", a-t-elle dit dans un communiqué. "Nous sommes et restons des partenaires solides en matière de commerce sécurité et défense", a-t-elle ajouté.
"Je passe le relais à Donald Trump", a, pour sa part, commenté mercredi l'homme politique britannique Nigel Farage, un des champions du Brexit, en félicitant chaleureusement le milliardaire américain pour son élection à la présidence des États-Unis.
Le leadership de Washington est "plus important que jamais", a réagi mercredi le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg en estimant qu'"une Alliance forte est bonne pour les États-Unis et bonne pour l'Europe". "Nous sommes confrontés à un nouvel environnement sécuritaire difficile, notamment en ce qui concerne la guerre hybride, les cyberattaques, la menace du terrorisme", explique le chef de l'Alliance dans un communiqué.
L'ONU s'est dite impatiente de coopérer avec Trump sur le climat "pour le bénéfice des peuples du monde", a indiqué un responsable climat ONU.
Le président russe Vladimir Poutine a félicité le milliardaire ostensiblement pro-Poutine pour sa victoire, en indiquant espérer une amélioration des relations russo-américaines.
Le président chinois Xi Jinping s'est, lui, dit "impatient" de travailler avec Donald Trump "sans confrontation" et "en vertu du principe de respect mutuel". Lors de la campagne présidentielle, Donald Trump était perçu comme un partisan de mesures protectionnistes, potentiellement néfastes à l'économie chinoise.
Du côté du Moyen Orient, la présidence palestinienne a appelé le milliardaire à œuvrer pour l'établissement d'un "État palestinien sur les frontières de 1967", coexistant avec Israël, tout en le mettant en garde contre les risques encourus s'il négligeait la question palestinienne. "L'instabilité continuera dans la région et dans le monde si on n'apporte pas une solution à la question palestinienne", a dit à l'AFP le porte-parole de la présidence de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina.
Alors que la Turquie entretient des rapports tendus avec l'administration américaine de Barack Obama, le Premier ministre Binali Yildirim a indiqué, dans une allocution télévisée, qu'il souhaitait "le succès" de Donald Trump. "Nous espérons que notre alliance avec les États-Unis va se poursuivre et que notre partenariat et nos relations vont se développer", a-t-il ajouté. Binali Yildirim a appelé "le nouveau président américain" à livrer à la Turquie "le plus rapidement possible" le prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir ourdi le putsch manqué en juillet et qui vit en exil aux États-Unis. Les relations entre les États-Unis et la Turquie, deux alliés de l'Otan, ont été éprouvées par le coup d'État manqué et les vains appels d'Ankara à une extradition de Fethullah Gülen. Les autorités américaines soulignent que la décision appartient à la justice.
Des divergences opposent aussi les deux pays au sujet des milices kurdes en Syrie, que Washington appuie dans la lutte contre le groupe État islamique alors qu'Ankara les considère comme des organisations terroristes émanant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Alors l'élection du candidat républicain fait peser des incertitudes sur l'accord nucléaire iranien de 2015, le président iranien Hassan Rohani a affirmé mercredi que Donald Trump ne pourrait pas revenir sur l'accord nucléaire de 2015 entre l'Iran et les grandes puissances car il a été "entériné" par l'ONU. "Le résultat des élections américaines n'a aucun effet sur la politique de la République islamique d'Iran", a-t-il affirmé. Plus tôt, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, avait appelé le futur président américain à "respecter les accords" internationaux conclus par son pays. "Tout président des États-Unis doit comprendre les réalités du monde d'aujourd'hui. Le plus important est que le futur président des États-Unis respecte les accords, les engagements pris non pas à un niveau bilatéral mais à un niveau multilatéral", a déclaré Mohammad Javad Zarif.
À Cuba, le président Raul Castro a félicité Donald Trump mercredi. En guise de première réaction, le gouvernement avait annoncé mercredi matin la tenue, la semaine prochaine, d'exercices militaires "stratégiques" visant à faire face à une éventuelle invasion, sans toutefois faire explicitement le lien avec l'élection de Donald Trump. De nombreux habitants ont fait part de leur inquiétude, Donald Trump ayant laissé entendre qu'il reviendrait sur certaines concession accordées par son prédécesseur au régime communiste dans le cadre du spectaculaire dégel lancé fin 2014. Il a également déclaré qu'il était pour l'instant opposé à la suppression de l'embargo financier et commercial imposé à l'île depuis 1962. Sa levée dépend toutefois du Congrès, qui était et reste sous le contrôle des Républicains.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a félicité mercredi le président élu américain Donald Trump, "véritable ami de l'Etat d'Israël". "Je suis impatient de travailler avec lui en faveur de la sécurité, la stabilité et la paix dans notre région", a dit Benjamin Netanyahu dans un communiqué, qui ne fait aucune référence explicite au conflit israélo-palestinien ni à la promesse controversée de Donald Trump de déplacer l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, l'un des premiers dirigeants arabes à adresser ses félicitations au candidat républicain, a déclaré mercredi espérer "un nouveau souffle" dans les relations entre le pays arabe le plus peuplé et les Etats-Unis après la victoire de Donald Trump. Les relations entre Washington et Le Caire, un allié clé de longue date au Moyen-Orient, se sont refroidies depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi, en 2013. Alors que les Etats-Unis critiquent régulièrement le bilan en matière des droits de l'Homme des autorités mises en place par l'ex-chef de l'armée Sissi, l'Egypte s'est rapprochée de la Russie.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a félicité mercredi Donald Trump en relevant : "Le Japon et les États-Unis sont des alliés inébranlables, liés par des valeurs communes telles que la liberté, la démocratie, les droits de l'Homme fondamentaux et l'État de droit".
En Grèce, le parti néo-nazi Aube dorée, troisième plus grand parti présent au sein du Parlement grec, voit dans l'élection de Trump "une victoire des forces qui s'opposent à la mondialisation, qui combattent l'immigration clandestine et sont favorables à des États ethniquement purs et à l'autosuffisance en matière d'économie nationale". "Un grand changement mondial commence, qui se poursuivra avec la victoire des nationalistes en Autriche, de Marine Le Pen en France et d'Aube dorée en Grèce", poursuit Aube dorée.
En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban, figure de proue des droites nationalistes européennes, a vu dans la victoire du milliardaire new-yorkais une "grande nouvelle". "La démocratie est toujours en vie", a-t-il poursuivi dans un message posté sur sa page Facebook.
En juillet, le chef du gouvernement hongrois, vent debout contre les projets de la Commission européenne de quotas de migrants dans l'UE, avait qualifié de "vital" le programme de Trump en matière d'immigration et de politique étrangère – et de "mortels" les projets d'Hillary Clinton.
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Avec AFP