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Primaire de la droite : un deuxième débat plus punchy

Les outsiders de la primaire de la droite ont été plus incisifs jeudi soir, en particulier à l’égard de Nicolas Sarkozy. Ce dernier a notamment dû défendre son bilan et s’est retrouvé isolé sur la question de l’alliance avec François Bayrou.

Au moins ce débat ne manquait pas de piquant. Les candidats à la primaire de la droite et du centre n’ont en effet pas retenu leurs flèches, jeudi 3 novembre, lors du deuxième des trois débats télévisés prévus avant le premier tour. Les échanges ont ainsi été plus vifs qu’au premier débat, avec presque systématiquement toujours la même cible : Nicolas Sarkozy.

Ce dernier a été contraint tout au long de la soirée de défendre son bilan, aussi bien de président de la République que de ministre de l’Intérieur. Les accords du Touquet, l’intervention militaire en Libye, la diminution des effectifs de police ou le Grenelle de l’environnement ont été ainsi évoqués par plusieurs candidats.

Dans la distribution des coups, Jean-François Copé s’est montré le plus actif, profitant de chaque occasion pour charger Nicolas Sarkozy, mais Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire ne sont pas restés en reste. La première n’a pas manqué de souligner que l’ancien chef de l’État avait renié ses convictions sur l’écologie. Le second a rappelé à Nicolas Sarkozy qu’il avait promis en 2012 de se retirer de la vie politique en cas de défaite, offrant aux téléspectateurs une jolie passe d’armes.

"Je dis simplement, Nicolas, qu'avant la candidature de 2012 tu avais dit : ‘si je suis battu je ne reviendrai pas en politique’. Les mots ont un sens", a lancé Bruno Le Maire.

"Si être battu c'était rédhibitoire, François Mitterrand n'aurait jamais été président de la République deux fois et Jacques Chirac non plus. On se serait passé de deux grandes personnalités. Commence d'abord par être élu, tu verras que c'est très difficile !", a alors ironisé l'ancien président.

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Mais "Jacques Chirac et François Mitterrand n'ont pas été battus comme présidents sortants, ils ont été battus comme candidats", a fini par répondre l’ancien ministre de l’Agriculture.

Compte tenu de ces rappels historiques, faut-il croire les candidats aujourd’hui ? Alain Juppé promet de ne faire qu’un seul mandat en cas d’élection et Nicolas Sarkozy a lui aussi affirmé jeudi soir qu’il ne se représenterait pas en 2022 s’il est élu en 2017.

Sarkozy isolé sur la question François Bayrou

L’ancien président de la République s’est également retrouvé isolé sur la question de l’alliance avec François Bayrou et le centre. Lui qui a fait de cette question un sujet majeur de la campagne de la primaire ces derniers jours, accusant Alain Juppé d’avoir promis "100 à 150 députés" au maire de Pau, coupable selon lui d’avoir fait élire François Hollande en 2012, n’est pas parvenu à entraîner les autres candidats sur ce terrain.

Alain Juppé s'est tout d’abord dit "très surpris par cette fixation sur le cas de M. Bayrou" et a répété son absence de "promesse" envers lui en cas de victoire en 2017. À ses côtés, plusieurs candidats ont déploré la place trop grande accordée à cette question.

"Six millions de chômeurs, 100 % de dette, le totalitarisme islamique à nos portes" et le principal sujet de la campagne, "c'est le maire de Pau", s'est indigné François Fillon. "Moi, là, ça fait plusieurs minutes que j'ai décroché du débat sur François Bayrou" a ironisé de son côté Nathalie Kosciusko-Morizet. "Ce serait plus crédible si tu n'avais pas fait l'ouverture à des ministres de gauche en 2007", a enfin assené Bruno Le Maire.

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Mais ces quelques échanges à couteaux tirés, certes beaucoup plus nombreux que le 13 octobre lors du premier débat, ne doivent pas laisser croire que les sept candidats à la primaire de la droite et du centre sont en opposition sur tous les sujets. Bien au contraire. Tous sont plus ou moins tombés d’accord sur de nombreuses questions, que ce soit sur la légitime défense des policiers, sur la politique étrangère au Moyen-Orient ou sur le retour de l’autorité de l’enseignant à l’école.

Pas sûr, donc, que la soirée ait permis de changer la donne. Même sur la défensive, Nicolas Sarkozy a su parler à son électorat, tandis qu’Alain Juppé – presque totalement épargné par les attaques – et François Fillon ont semblé naviguer au-dessus de la mêlée, laissant volontiers Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Copé s’en prendre à l’ancien chef de l’État. Un scénario qui se reproduira probablement jeudi 17 novembre pour le troisième et dernier débat télévisé.