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"Swing states", les États qui décideront de l’élection présidentielle américaine

Si les sondages publiés aux États-Unis montrent que l’écart entre les deux candidats se resserrent, Hillary Clinton dispose encore d’une longueur d’avance sur Donald Trump, à en juger par l’étude des rapports de force dans les fameux "swing states".

Et si rien n’était joué ? Après une séquence dominée par les débats et les révélations des "conversations de vestiaires" de Donald Trump, le candidat républicain semblait distancé. Mais avec le retour de l’affaire des emails d’Hillary Clinton, le camp démocrate s’est soudain mis à frissonner. La défaite serait-elle envisageable ?

La publication d’un sondage ABC/Washington Post, mardi 1er novembre, donnant Donald Trump à 46 % et Hillary Clinton à 45 %, a pu donner l’impression que le vent est en train de tourner. Mais c’est oublier un peu vite qu’aux États-Unis, l'élection présidentielle est un scrutin indirect. Il faut aussi se souvenir qu’il y a quatre ans, à une semaine du jour du vote, un sondage national réalisé par le même institut donnait Mitt Romney en tête devant Barack Obama (49-48)…

Le 45e président des États-Unis, comme tous ses prédécesseurs, ne sera donc pas élu par le peuple, mais par des grands électeurs élus dans les 50 États de l’Union, selon des règles propres à chacun, la plus commune étant celle du "winner takes all". À savoir, que le candidat qui remporte le plus de voix dans un État obtient la totalité des grands électeurs attribués à cet État. Et à ce jeu subtil, Hillary Clinton reste la favorite de l’élection qui se jouera dans moins d’une semaine.

Les "swing states", faiseurs de rois

Aussi, pour prédire le résultat du scrutin, il est indispensable de se pencher sur les sondages État par État, plutôt que sur les évolutions du rapport de force à l’échelle du pays tout entier. C’est pour cette raison que tous les quatre ans, les "swing states" deviennent l’obsession des médias et des stratèges politiques.

Ces "États qui balancent" sont ceux où l’écart entre républicains et démocrates est traditionnellement serré ou qui changent fréquemment de couleur politique. Et les plus peuplés peuvent faire à eux seuls la différence. Depuis les années 70, pas un seul président n’a été élu sans avoir gagné au moins deux de ces trois "swing states" : la Floride, l’Ohio et la Pennsylvanie.

Sur le site FiveThirtyEight, Nate Silver, le statisticien star des élections présidentielles aux États-Unis, estime que la probabilité pour que Hillary Clinton remporte le scrutin reste de 70,8 % (en baisse). Selon ses analyses, la candidate démocrate remporterait 301 grands électeurs (le candidat doit obtenir 270 grands électeurs pour l’emporter).

Basé sur l’étude de dizaines de sondages réalisés à l’échelle locale, il estime que les batailles-clés vont se dérouler en Floride, en Caroline du Nord et dans le Nevada. Les candidats y sont au coude à coude, et la marge d’erreur attribuée généralement aux sondages (+ ou – 3%) ne permet pas de les départager et de savoir dans quelle escarcelle iront les grands électeurs désignés par le suffrage populaire.

Real Clear Politics, un autre site qui suit de près les dynamiques locales, donne à Hillary Clinton 294 grands électeurs. La démocrate serait victorieuse, sans parvenir à l’emporter en Floride et dans l’Ohio, mais avec la Caroline du Nord et la Pennsylvanie. Le site "270 to win" permet de jouer la victoire de l’un ou l’autre des candidats dans les "swing states" les plus disputés pour prédire la victoire d’Hillary Clinton ou de Donald Trump.

Les démocrates parviendront-ils à remporter la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants ?

Le recul d’Hillary Clinton dans les intentions de vote enregistré mardi n’est sans doute pas de nature à bouleverser les grandes tendances qui se dégagent depuis quelques semaines. Le New York Times estime par exemple que "la perte de quelques points dans les enquêtes d’opinion et éventuellement de quelques États, où la course est serrée, peuvent entraver une victoire écrasante des démocrates." Elle sera nette mais pas décisive, un peu comme celle remportée par Obama en 2012. "Cependant, ce recul pourrait coûter 6 sièges de sénateurs au Parti démocrate, là où les scrutins sont très serrés, et déterminer ainsi qui aura la majorité au Congrès".

Un tel scénario serait désastreux pour Hillary Clinton car les deux chambres parlementaires sont actuellement à majorité républicaine. Si elle réalise un bon score, les démocrates peuvent espérer reconquérir les quatre sièges qui leur manquent au Sénat pour obtenir la majorité, et une trentaine à la Chambre des représentants.

Si l’ex-secrétaire d’État l’emporte avec un score étriqué, elle devra composer avec des chambres parlementaires qui lui seront hostiles, et ne disposera pas d’une majorité pour faire voter ses projets de lois. Elle pourra alors bénéficier des précieux conseils de son prédécesseur, Barack Obama, qui aura consacré beaucoup d’énergie, lors de ses deux mandats, à gouverner dans l’adversité.