Le président irakien Fouad Massoum s'est élevé mercredi contre les députés qui ont subrepticement introduit une clause d'interdiction de vente d'alcool en Irak, dans un projet de loi sur les municipalités. Il a appelé à une révision de la loi.
Voilà une interdiction qui passe mal en Irak. Le président irakien, Fouad Massoum, a appelé le Parlement à réviser une loi votée durant le week end du 22 et 23 octobre interdisant notamment l'importation, la production et la vente de boissons alcoolisées. Une activité exercée par la communauté chrétienne. Cette clause inattendue, introduite à la dernière minute dans un projet de loi sur les municipalités, a été dénoncée comme une atteinte aux droits des minorités religieuses, dans ce pays majoritairement musulman.
Fouad Massoum n'a pas spécifiquement mentionné la clause sur l'alcool, mais il a soutenu que la loi en question devait être révisée, la jugeant incompatible avec "les principes démocratiques". Le chef d'État a également appelé au respect "des libertés et droits des citoyens des différentes religions et doctrines", précise un communiqué du gouvernement.
Selon un député et un responsable du Parlement, l'interdiction a été introduite à la dernière minute et de manière surprise dans un projet de loi sur les municipalités. Les partisans de l'interdiction ont affirmé que celle-ci était justifiée par la Constitution, qui interdit, selon eux, toute loi en contradiction avec les préceptes de l'islam. Cette même constitution octroie au président le pouvoir "d'approuver des lois votées par la Chambre des représentants", mais elle ne précise pas s'il a le droit de les rejeter.
La consommation d'alcool est largement considérée comme étant interdite par l'islam. Mais elle est assez répandue en Irak, y compris à Bagdad où existe une multitude de petits débits d'alcool. Si cette décision devait être appliquée, elle favoriserait l'essor d'un marché noir.
Au Kurdistan, "nous ne reconnaissons pas ce genre de lois"
En attendant, au Kurdistan, une province de trois régions du nord de l'Irak qui a son propre gouvernement, ses forces de sécurité et son drapeau, la mesure sera largement ignorée. "Nous ne reconnaissons pas ce genre de lois" qui "ne seront pas appliquées au Kurdistan", affirme ainsi Farsat Sophie, membre de la commission législative du Parlement régional kurde.
Même réaction chez le ministre régional de la Culture. "Cette décision est contre la démocratie et les libertés individuelles", tonne Khalid Doski.
En pratique, Bagdad n'a pas les moyens de faire appliquer la mesure au Kurdistan si les autorités kurdes décident de faire fi de la législation.
Avec AFP