La coalition anti-EI a affirmé avoir lancé les préparatifs à l'isolement de Raqqa, fief de l'organisation État islamique en Syrie. L'opération sera menée simultanément avec la bataille actuellement engagée pour la reprise de Mossoul, en Irak.
Les 13 pays* les plus engagés militairement dans la coalition internationale contre le groupe État islamique (EI) ont jeté les bases, mardi 25 octobre, d’une intervention visant à isoler Raqqa, fief de l'organisation jihadiste en Syrie, a déclaré le secrétaire d'État américain à la Défense.
Ashton Carter s'exprimait aux côtés de son homologue français Jean-Yves Le Drian à l'issue d'une réunion de 13 ministres de la Défense occidentaux à Paris consacrée à la situation en Irak et en Syrie.
Il y aura un "chevauchement" entre les opérations de reconquête de Mossoul, lancée le 17 octobre par les forces irakiennes et kurdes appuyées par la coalition, et de Raqqa, a précisé Ashton Carter. "Je confirme la concomitance sans vous donner l'agenda", a ajouté Jean-Yves Le Drian. "Je vous confirme que le plan de départ est aujourd'hui totalement respecté donc il n'y a pas de demande particulière d'accélération."
Les deux hommes ont toutefois exclu une reprise de la ville par les forces de la coalition. "Quelle force militaire va prendre Raqqa ? Le principe stratégique de la coalition est que ce doit être des forces locales efficaces et motivées, que nous devons identifier" et leur permettre d'intervenir, a indiqué Ashton Carter. "Cela ne peut être fait que par des gens qui vivent ici. Car nous cherchons une défaite durable contre l'EI et une défaite durable ne peut pas être obtenue par des forces extérieures", a-t-il souligné.
"Plus d'échappatoires possibles"
Mener le combat pour reprendre Raqqa de manière simultanée avec celui de Mossoul vise ainsi "à éviter que les commandants et les cadres de l’EI puissent passer d’une ville à l’autre. Il s’agit de faire en sorte qu’il n’y ait, pour eux, pas d’échappatoires possibles" comment Gauthier Rybinski, journaliste de France 24 spécialiste des questions internationales.
À l’ouverture de la réunion, le président français, François Hollande, avait sous-entendu que la reprise de Mossoul ne constituait pas le seul objectif de la coalition. "La reconquête n'est pas une fin en soi. Nous devons d'ores et déjà anticiper les conséquences de la chute de Mossoul", a-t-il déclaré.
Le chef de l’État français a ainsi appelé à la "vigilance face au retour des combattants étrangers" de l'EI dans leurs pays d'origine, ou face à ceux qui seraient tentés de se replier à Raqqa : "Nous devons donc clairement les identifier. Cela passe par un large partage de nos informations et de nos renseignements. C'est une absolue nécessité", selon lui.
Les estimations occidentales font état de 5 000 à 6 000 combattants de l'EI dans Mossoul, ils seraient entre 3 000 à 4 000 à Raqqa.
* France, États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Danemark et Norvège
Avec Reuters