Après dix mois de paralysie politique, le Parti socialiste d'Espagne a décidé de laisser le conservateur Mariano Rajoy former un nouveau gouvernement. Il a jusqu'au 31 octobre pour y parvenir. En cas d'échec, des élections devront être organisées.
L'Espagne a entamé dimanche une course contre la montre. Le conservateur Mariano Rajoy, que les socialistes ont décidé de laisser à son poste, dispose d'une semaine pour former un nouveau gouvernement. En cas d'échec, les Espagnols seront contraints de retourner aux urnes.
Le comité fédéral du parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a décidé dimanche à une majorité de 139 voix contre 96 de s'abstenir, lors du vote de confiance à la chambre, pour laisser le conservateur Mariano Rajoy – au pouvoir depuis fin 2011 – former un gouvernement minoritaire et tenter de mettre fin à la crise politique qui paralyse le pays depuis dix mois. "La répétition des élections serait nuisible aux intérêts de l'Espagne et des Espagnols", dit la résolution qui l'a emporté. Elle pourrait aussi nuire aux socialistes "qui feraient figure de principaux responsables d'un blocage dont personne ne veut".
La question déchire depuis quelque temps le PSOE, plus vieux parti d'Espagne, au point de pousser à la démission son ancien chef, Pedro Sanchez, partisan du "non" à Rajoy, le 1er octobre, lors d'un précédent comité fédéral.
Un gouvernement faible
Mariano Rajoy devrait donc obtenir la confiance de la chambre avant la fin du mois et l'Espagne retrouver un gouvernement en novembre après plus de 300 jours d'intérim.
Ce sera cependant un gouvernement faible, appuyé par 137 députés sur 350, qui devra guider le pays à la sortie d'une crise économique dévastatrice, avec un taux de chômage de 20 %. Rajoy semble décidé à faire preuve de souplesse. "Si je veux obtenir plus d'appuis, il est logique que j'adopte mon discours à la nouvelle situation", a-t-il déclaré vendredi en marge d'un sommet européen.
"Le plus probable est que ce sera une législature courte", de moins de quatre ans, prévoit le politologue Pablo Simon. Les socialistes, ainsi que Podemos et les libéraux de Ciudadanos, les deux nouveaux partis qui ont bouleversé les équilibres au Parlement, sont décidés à mener la vie dure aux conservateurs.
"Une mauvaise affaire pour l'Espagne"
Mais pour le PSOE, plus ancien parti d'Espagne, le mal est fait. Beaucoup d'élus craignent de se couper de leur base en s'abstenant en faveur de Rajoy, après avoir promis de mettre fin à son règne.
"Nous redoutons plus l'abîme qui se creuse avec les militants et les électeurs que de troisièmes élections", a déclaré le chef des socialistes catalans Miquel Iceta dans son intervention devant le comité fédéral dont l'AFP a obtenu copie.
Laisser le PP gouverner est "une mauvaise affaire pour le Parti socialiste mais surtout pour l'Espagne", a déclaré aux journalistes la présidente de la région des Baléares, Francina Armengol.
Le comité fédéral n'a pas décidé si le jour du vote décisif, le 29 ou le 30 octobre, les députés du PSOE s'abstiendront en bloc, ou seulement 11 d'entre eux, le minimum requis pour laisser la voie libre à Mariano Rajoy. Cette dernière formule permettrait de jeter un voile sur les divisions du parti.
Avec AFP