
Sven Mary et Frank Berton, les avocats de Salah Abdeslam, ont annoncé mercredi qu'ils renonçaient à le défendre en raison du mutisme dans lequel le suspect-clé des attentats du 13 novembre à Paris est plongé depuis plusieurs semaines.
Les avocats de Salah Abdeslam jettent l'éponge. Sven Mary et Frank Berton ont annoncé mercredi 12 octobre qu’ils renonçaient à défendre le suspect-clé des attentats parisiens du 13 novembre, perclus dans son silence. "On a décidé l'un et l'autre de renoncer à la défense" d'Abdeslam. "Nous avons la conviction qu'il ne s'exprimera pas et qu'il appliquera le droit au silence", a expliqué Frank Berton aux côtés de Sven Mary.
"Dans cette position qui est la nôtre, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ? Nous l'avons dit dès le début, nous avons prévenu : si notre client reste muet nous quitterons sa défense", a poursuivi Me Berton."Quand on a le sentiment d'être là pour faire des visites sociales à la prison, à ce moment-là une décision doit être prise", a poursuivi son confrère, l'avocat belge, Me Mary.
Dans une interview accordée à l’Obs et mise en ligne le 12 octobre, les deux avocats de Salah Abdeslam reviennent sur les raisons de son mutisme. "J’assiste, depuis sept mois, au spectacle d’un garçon de 27 ans qui sombre psychologiquement", explique Frank Berton, qui pointe du doigt le "système carcéral organisé pour lui".
Leur ex-client, mis en examen pour assassinats terroristes et suspect-clé des attentats parisiens qui ont fait 130 morts, est détenu à l'isolement depuis le 27 avril à Fleury-Mérogis (sud de Paris) et placé sous vidéosurveillance 24h/24.
Épié "comme un rat dans sa cage"
Ses avocats avaient tenté, devant le Conseil d'État, de faire suspendre ce dispositif inédit en France, mais la plus haute juridiction administrative l'avait débouté fin juillet, estimant que "le caractère exceptionnel des faits terroristes" pour lesquels il est poursuivi "impliquait que toutes les précautions soient prises".
"Le pouvoir politique a choisi de répondre à une attente populiste en le traitant comme tel, en l'épiant comme un rat dans sa cage", poursuit son avocat lillois, déplorant que les intérêts politiques l’emportent sur la recherche de la vérité. "Les postures politiques ont à mon sens desservi le combat judiciaire. Salah Abdeslam est devenu le symbole de la lutte anti-terroriste, enjeu présidentiel majeur", ajoute-t-il, avant de lâcher "en 25 ans de carrière, je n’ai jamais vu ça".
Pour son avocat belge, Mary Sven, "ses conditions de détentions relèvent de la torture psychologique mais les gens s’en moquent. Qu’on le pende haut et court, est-ce ce qu’ils souhaitent ? En tout cas, c’est triste pour l’État de droit"…
L'unique membre encore vivant des commandos du 13 novembre, refuse également de répondre aux questions du magistrat antiterroriste chargé de l'enquête sur les attentats de Paris et Saint-Denis. Il exerce son droit au silence pendant l'interrogatoire.