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Derrière les grilles du Poison Garden, le jardin aux plantes mortelles du château d'Alnwick au Royaume-Uni

Dans le nord de l’Angleterre, 800 000 touristes se pressent chaque année pour visiter le château d’Alnwick. Surnommé le Versailles du Nord, ce château renferme un jardin un peu particulier où poussent une centaine de variétés de plantes mortelles.

À quelques kilomètres au nord de la ville de Newcastle, au bord de la mer du Nord, se dresse le château d’Alnwick. Une imposante forteresse de pierre construite aux alentours de 1100 qu’on a déjà vue au cinéma et à la télévision puisqu’elle a servi de lieu de tournage de la série "Downton Abbey" et des films "Harry Potter à l’école des sorciers" et "Harry Potter et la chambre des secrets". Mais Daniel Radcliffe et les autres acteurs ont-ils osé pousser les portes du Poison Garden ?

Ce "jardin empoisonné" se cache dans les jardins du château, qui s'étendent sur près de 60 hectares et sont ouverts au public moyennant un peu plus de 13 euros. Derrière une impostante grille noire en fer ornée de têtes de mort, une centaine espèces de fleurs et plantes toxiques. Jane Percy, devenue la duchesse de Northumberland en 1995 après que son mari a hérité du titre de duc et du château qui va avec, a soigneusement choisi ses mortels locataires. L’inscription "ces plantes peuvent tuer" donne le ton.

En 1996, la Duchesse engage Jacques Wirtz, un architecte belge à qui l’on doit la rénovation des jardin des Tuileries et de l’Elysée à Paris, qui dessine les plans d’un parterre de 3 000 roses, d’un jardin serpent aux haies tortueuses, d’un labyrinthe de bambous et du fameux jardin empoisonné, détaille le New York Times. D’abord pensé comme un jardin médicinal, c’est après une visite du jardin botanique de la famille de Medicis à Padoue en Italie, qui abrite des plantes vénéneuses, que la duchesse a l’idée de "faire quelque chose de vraiment différent", comme elle l’a raconté au magazine Smithsonian.

"La brugmansia, aphrodisiaque et mortelle"

Derrière la grille noire, les visiteurs peuvent aujourd’hui circuler entre des haies d'un laurier hautement toxique, des fleurs de belladone ou de cigüe – avalée par le philosophe Socrate pour se donner la mort – et des arbrisseaux de ricin commun dont l’ingestion d’une seule graine peut détruire totalement nos organes.

Sans oublier la brugmansia, ou trompette du jugement, l’une des fleurs préférées de la duchesse : "C’est d'abord un génial aphrodisiaque avant que ça ne vous tue (…) À l’époque victorienne, les femmes posaient une de ces fleurs au milieu de la table autour de laquelle elles jouaient aux cartes ou prenaient le thé. Elles posaient leurs tasses sous une cloche, tapaient dessus et un peu de pollen tombaient dans leur boisson. Les effets étaient alors proches du LSD."

Opium, cannabis et cocaïne

Ces charmantes plantes côtoient aussi un carré de narcotiques où poussent des plants de cannabis, de cocaïne, d’opium, de tabac et des champignons magiques, tous cultivés sous autorisation au nom l’éducation et la sensibilisation des plus jeunes visiteurs.

Aujourd’hui, les jardiniers qui s'occupent de cet espace du château d’Alnwick portent tous des gants et prennent beaucoup de précautions lorsqu’ils manipulent les plantes. Les visiteurs, eux, ont l’interdiction de goûter, de toucher, de sentir ou même de s’approcher des espèces. D’ailleurs les plus dangereux végétaux sont enfermés dans des cages et le jardin est surveillé 24 heures sur 24.

Et pourtant, cela n’évite pas les incidents. Il y a quelques années, des petits malins ont emporté avec eux quelques feuilles de laurier en guise de souvenir. Quelques minutes plus tard, ils se sont endormis au volant de leur voiture sous les émanations toxiques des feuilles causant un accident.

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