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Soudan du Sud : des casques bleus mis en cause par une ONG américaine

L'ONG américaine Civic accuse des casques bleus déployés au Soudan du Sud en juillet dernier de ne pas avoir protégé les civils lors des combats à l'arme lourde qui ont sévis à Juba. L'ONU a ouvert une enquête.

La protection des civils est l'une des missions prioritaires de la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss). En juillet dernier, certains des casques bleus déployés dans ce pays déchiré par une guerre civile depuis fin 2013 auraient pourtant failli à leur mission. Selon l'ONG américaine Center for Civilians in Conflict (Civic), plusieurs de ces militaires des Nations unies seraient restés cloîtrés dans leurs bases à Juba, la capitale du pays, alors que des civils étaient exposés à combats à l'arme lourde.

Selon Civic, des casques bleus auraient déserté leurs postes dans les centres de protection des civils qu'ils avaient pourtant érigés pour que des dizaines de milliers de Sud-Soudanais puissent s'y réfugier. Depuis décembre 2013, un violent conflit armé oppose les partisans du président Salva Kiir à ceux de l'ex-chef rebelle Riek Machar. En juillet dernier, des combats ont éclaté dans la capitale, où des tirs de mortiers, de lance-grenades et d'armes d'assaut ont été signalés.

Malgré ce déferlement de violence qui a fait au moins 300 morts dans la capitale, la présence onusienne était "inexistante" dans ces camps comme en dehors, selon le Civic. Et ils lorsque des travailleurs humanitaires étrangers ont été attaqués, et pour certains victimes de viols collectifs par des soldats sud-soudanais dans un hôtel proche d'une base onusienne, les casques bleus n'ont pas répondu aux appels à l'aide.

Les sites de l'ONU ne sont "pas une option fiable" pour les civils

Fin août, l'ONU a chargé un général néerlandais à la retraite d'investiguer sur les manquements des casques bleus à Juba. Interrogés à ce sujet, des responsables des opérations de maintien de la paix de l'ONU ont expliqué que cette enquête "soulevait un certain nombre de questions importantes".

Les sites onusiens offrant protection aux civils n'étaient "pas viables et ne pouvaient apporter une option fiable pour la sécurité physique" de dizaines de milliers de Sud-soudanais, a poursuivi le département des opérations de maintien de la paix dans une réponse écrite. "L'investissement que nous devons faire de toute urgence et en priorité au Soudan du Sud, est de remettre le processus de paix sur les rails", ajoute le texte.

Les conclusions de l'enquête sont attendues rapidement. D'autant que ce n'est pas la première fois qu'une mission de l'ONU au Soudan du Sud est mise en cause dans le pays. Les casques bleus de la Minuss sont également accusés par une commission d'enquête de l'ONU d'avoir manqué à leur devoir lors de l'attaque meurtrière d'un camp des Nations unies à Malakal (nord-est du Soudan du Sud) en février, qui avait fait au moins 30 morts et 123 blessés.

Si ces accusations jettent le discrédit sur la Minuss, le président Salva Kiir a néanmoins donné un accord de principe en septembre au déploiement de 4 000 casques bleus supplémentaires dans le pays, en plus des 13 500 actuels, et promis de faciliter le travail de l'ONU. La mission de l'ONU dans le pays se plaint d'être constamment harcelée ou limitée dans ses mouvements par les parties au conflit.

Avec AFP