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Le Parlement polonais rejette l'interdiction totale de l'avortement

Face à la mobilisation massive des Polonaises, le Parlement a rejeté, jeudi, par une importante majorité, la proposition de loi sur l'interdiction quasi totale de l'avortement. Elles étaient 100 000 vêtues de noir à descendre dans la rue, lundi.

La mobilisation des Polonaises a payé. Le Parlement a rejeté, jeudi 6 octobre, par une écrasante majorité, la proposition de loi sur l'interdiction quasi totale de l'avortement.

Le texte a été rejeté par 352 députés de la majorité conservatrice et de l'opposition. Cinquante-huit députés se sont prononcés pour son adoption, alors que 18 se sont abstenus.

Ce vote suit d'importantes manifestations de femmes opposées à la proposition de loi, qui ont réuni lundi quelque cent mille personnes à travers le pays, selon la police.

Le revirement à 180 degrés du parti Droit et Justice (PiS), majoritaire au Parlement, a été expliqué avant le vote par son président, Jaroslaw Kaczynski, et par la Première ministre, Beata Szydlo.

"Nous avons le plus grand respect pour les signataires de la proposition de loi, mais en observant la situation sociale, nous constatons qu'elle (la proposition) conduirait à un processus dont l'effet serait contraire à ses objectifs", a indiqué Jaroslaw Kaczynski.

De son côté, Beata Szydlo, rappelant que le 23 septembre elle avait voté, comme l'ensemble de ses collègues du PiS, pour l'envoi de la proposition en commission, a déclaré que "sa responsabilité de chef du gouvernement l'obligeait à tenir compte de différentes voix et opinions".

Le tournant pris par le parti conservateur est apparu au grand jour mercredi soir. Quarante-huit heures après des manifestations ayant réuni quelque 100 000 "femmes en grève" vêtues de noir pour protester contre la proposition de loi envoyée en commission parlementaire, cette dernière a voté pour le rejet de ce texte.

Moins de 2 000 IVG chaque année

Les protestations de lundi "nous ont fait réfléchir et nous ont donné une leçon d'humilité", a de son côté admis le ministre de la Science et de l'Enseignement supérieur, Jaroslaw Gowin.

Le projet avait également suscité l'émotion en Europe, au moment où les relations entre Varsovie et Bruxelles sont déjà tendues sur plusieurs autres dossiers. Le Parlement européen s'est saisi de ce dossier mercredi et de nombreux députés y ont vivement critiqué le texte lors d'un débat.

En Pologne, où l’Église est encore très puissante, la législation en matière d’avortement est déjà une des plus strictes de l’Union européenne. Les femmes ne peuvent avoir recours à l’IVG qu’en cas de viol, d’inceste, de risque pour la santé de la mère ou de pathologies graves sur le fœtus.

Moins de 2 000 IVG légales sont pratiquées chaque année, selon les statistiques officielles, les militants pro-avortement estiment, de leur côté, le nombre d'interventions clandestines à plusieurs dizaines de milliers, ce qui inclut celles pratiquées à l’étranger – Allemagne ou Slovaquie – pour celles qui en ont les moyens.

Avec AFP