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Le pilonnage d'Alep continue, Moscou déploie des systèmes de défense antiaérienne à Tartous

Alors que les forces du régime syrien progressent dans l'est de la ville d'Alep, Moscou a déployé des systèmes de défense antiaérienne S-300 dans la ville portuaire de Tartous, où elle possède une base militaire. La diplomatie est au point mort.

Les quartiers est d'Alep sont depuis plus de dix jours sous un déluge de bombes d'une intensité sans précédent. L'indignation grandit dans les capitales occidentales mais la diplomatie semble au point mort : Russes et Américains ont rompu le dialogue.

Alors que Washington a déclaré examiner "des options diplomatiques et militaires", la Russie a déployé, mardi 4 octobre, des systèmes de défense antiaérienne S-300 à Tartous, ville côtière du nord-ouest de la Syrie où elle possède des installations portuaires militaires. Ces systèmes complètent de fait le dispositif de défense mis en place sur la base aérienne de Hmeimim, avec l'arrivée en novembre 2015 de S-400 de dernière génération.

Une mise en garde ?

Avec ses S-300 et ses S-400, la Russie s'assure une défense aérienne de ses deux points d'ancrage en Syrie, le port de Tartous et la base aérienne de Hmeimim, dans la province de Lattaquié, où l'aviation russe dispose de dizaines de bombardiers, d'avions d'attaque au sol et d'hélicoptères. Ces batteries permettent notamment de répondre à la menace de missiles tirés depuis la mer Méditerranée.

"Ce système est conçu pour assurer la sécurité de la base navale de Tartous", a précisé dans un communiqué le porte-parole du ministère, Igor Konachenkov. "Nous rappelons que le S-300 est un système uniquement défensif et qui ne menace personne", a-t-il souligné.

Reste à savoir de qui la Russie souhaite se protéger. Une question que pose également Washington. Le Pentagone a réagi à l'annonce en s'interrogeant sur qui était l'adversaire que Moscou souhaitait tenir à distance avec ces missiles. Les extrémistes que la Russie veut combattre en Syrie, comme l'EI ou le Front Fateh al-Cham (ex-Front Al-Nosra), n'ont "pas d'aviation", a relevé Peter Cook, porte-parole du Pentagone.

La mise en place de ce système de défense antiaérien semble être une mise en garde contre les États-Unis, de ne pas interférer dans les opérations des forces russes ou syriennes. Elle arrive quelques semaines après qu'un bombardement américain a ciblé par erreur des positions de l'armée syrienne à Deir Ezzor dans le nord-est du pays, et qui avait fait au moins 90 morts parmi les soldats syriens.

Suspension des pourparlers

L'annonce de la Russie intervient au lendemain de la décision de Washington de suspendre ses pourparlers avec Moscou sur un cessez-le-feu en Syrie, annoncée après la destruction totale lundi du plus grand hôpital du secteur rebelle d'Alep dans un bombardement aérien.

L'offensive sur Alep a été lancée le 22 septembre avec des bombardements massifs du régime et de son allié russe, qui suscitent l'indignation de nombreux pays.

Les ONG et l'ONU s'alarment du sort des quelque 250 000 habitants d'Alep-Est, dont 100 000 enfants, confrontés aux pénuries, aux coupures d'eau et à la forte dégradation des conditions sanitaires. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), il ne reste que six hôpitaux fonctionnant partiellement, dont un seul capable de traiter les grands blessés.

La guerre en Syrie, où combattent de nombreuses forces régionales et internationales sur un territoire complètement morcelé, a fait plus de 300 000 morts en cinq ans.

Avec AFP