"Il n'y a plus rien dont les États-Unis et la Russie puissent parler" à propos de la Syrie, a indiqué la Maison Blanche à la suite de la destruction du plus grand hôpital du secteur rebelle d'Alep.
Les États-Unis ont annoncé, lundi 3 octobre, qu'ils suspendaient leurs pourparlers avec la Russie sur un cessez-le-feu en Syrie, après la destruction totale du plus grand hôpital du secteur rebelle d'Alep dans un bombardement aérien.
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Le régime syrien mène depuis 11 jours, avec l'aide de la Russie, une vaste offensive pour reprendre cette partie d'Alep, au prix de bombardements massifs, qui ont suscité l'indignation des pays occidentaux. "Tout le monde est à bout de patience avec la Russie", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest. "Il n'y a plus rien dont les États-Unis et la Russie puissent parler" à propos de la Syrie, a-t-il ajouté. Peu après, Moscou a assuré "regretter" la décision de Washington.
Cependant, l’intransigeance de Vladimir Poutine dans le bras de fer avec Washington est "un atout [pour lui] en terme de géopolitique et de popularité auprès des Russes", explique la correspondante de France 24 en Russie, Elena Volochine. Par ailleurs, "les experts russes estiment que les sanctions sont insuffisantes pour faire plier Moscou" pour qui "les ultimatums, ça ne marche pas".
De son côté, l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a assuré dans un communiqué que l'ONU allait "continuer à faire pression énergiquement en faveur d'une solution politique au conflit syrien malgré l'issue extrêmement décevante des discussions longues et intenses entre deux acteurs internationaux cruciaux".
Malgré la suspension de leurs tractations sur la Syrie, Washington et Moscou vont néanmoins continuer à échanger des informations dans le cadre du système, qui vise à éviter un incident entre leurs avions au-dessus de la Syrie.
Les États-Unis ont par ailleurs annoncé qu'ils avaient procédé, lundi, à une frappe aérienne près d'Idleb, dans le nord-ouest, visant un responsable "important" d'Al-Qaïda en Syrie. Le Pentagone n'a pas précisé s'il avait été tué et n'a pas dévoilé son identité.
L'ancienne branche d'Al-Qaïda en Syrie, le Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra), a annoncé peu après la mort d'un responsable, Ahmed Salama Mabrouk, un Égyptien plus connu sous son nom de guerre de Abu Faraj, dans une frappe aérienne de la coalition menée par les États-Unis.
"La plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie"
Dans le secteur rebelle d'Alep, décrit comme "l'enfer sur Terre" par l'ONU qui évoque "la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie", le plus grand hôpital a été complètement détruit lundi par des raids. Moscou s'est félicité de la "grande efficacité" de ses frappes, démentant tout bombardement d'hôpital ou d'école malgré les accusations des Occidentaux.
"Les accusations selon lesquelles la Russie aurait bombardé des installations médicales, des hôpitaux ou des écoles sont toutes sans fondement", a indiqué un vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, estimant que l'intervention des forces aériennes russes avait aidé à "éviter un chaos absolu" en Syrie.
Depuis son lancement le 22 septembre, la campagne militaire syrienne et russe a permis aux forces pro-gouvernementales de grignoter du terrain aux rebelles dans le centre et le nord d'Alep, avec des bombardements qui ont fait au moins 220 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Divisée depuis 2012 entre secteur Ouest contrôlé par le régime et des quartiers Est aux mains des rebelles, Alep est devenue le principal front du conflit syrien, qui a fait plus de 300 000 morts en cinq ans. Environ 250 000 personnes, dont 100 000 enfants, vivent dans les quartiers Est assiégés par le régime, selon l'ONU.
Avec AFP