Il existe des intelligences artificielles capables d'écrire des articles, des scénarios de films ou des livres. Alors il en fallait bien une qui compose des musiques. C'est le cas de Flow Machines, crééé par le laboratoire parisien de Sony.
Jusqu’à aujourd’hui, la star des producteurs pop actuels s’appelait Max Martin, ou Martin Sandberg de son vrai nom. L’homme est un Suédois de 45 ans, auteur des tubes "Everybody" de Backstreet Boys, "Baby one more de time" de Britney Spears, "It’s my life" de Bon Jovi, "Shake it off" de Taylor Swift ou encore "Can’t feel my face" de The Weeknd. Bref, du lourd.
Et pourtant, Max Martin a peut-être du souci à se faire. Depuis 2012, le Computer Science Laboratory (CSL) de Sony installé à Paris travaille à l’élaboration d’une intelligence artificielle capable de composer des morceaux nommée Flow Machines. Et ces derniers jours, le titre pop "Daddy’s car" a tapé dans les oreilles de nombreux médias parmi lesquels Quartz qui s'aventure à parler d’une chanson "plutôt bonne".
Alors oui, l'idée de musique créée par ordinateur n’est pas nouvelle. En témoigne cet extrait audio restauré par des chercheurs néo-zélandais du "tout premier enregistrement de musique générée par un ordinateur" produit en 1951 par le scientifique anglais Alan Turing :
Mais depuis, les machines ont beaucoup progressé. Pour produire ses titres, Flow Machines s’inspire d’une "base de données de partitions de 13 000 morceaux dans des styles divers, de Miles Davis aux Beatles en passant par Morricone", explique à Mashable FR François Pachet, directeur du Sony CSL. L’utilisateur commande ensuite à l’ordinateur un morceau en entrant plus ou moins de critères : un style – "qui n’est rien d’autre qu’un ensemble de morceaux" -, une durée, une signature ryhtmique ou même des notes et des accords en particuliers pour "forcer" Flow Machines.
"Sortir du format de plus en plus étroit de la pop"
Mais "Daddy’s car" ou "Mr. Shadow" ne sont pas sorties telles quelles de Flow Machines. Une fois la mélodie de base créée par l’ordinateur, Benoît Carré, chanteur et compositeur français ("Voyage en Italie" de Lilicub, c’était lui), prend le relai. "Je génère ensuite des stems audio pour creuser la direction artistique de la chanson. Ça me permet de compléter la production sur une base qui me plaît", décrit Benoît Carré à Mashable FR qui ajoute aussi les paroles et sa voix. Pour "Daddy’s car" par exemple, il aura fallu deux jour de production "humaine" avant d’aboutir au résultat final.
En 2017, le Sony CSL compte sortir "plusieurs albums" composés par Flow Machines avec bien sûr l’objectif de pouvoir proposer ces instrumentaux à des artistes de Sony et d’autres labels de musique. Et si certains pourraient voir là le risque que toutes les musiques se ressemblent encore un peu plus, Benoît Carré pense tout le contraire : "Flow Machines est un excellent outil pour sortir du format de plus en plus étroit de la pop. Et du point de vue de l’utilisateur, je crois que l’AI permet d’explorer d’autres formes de musicalité, plus audacieuses".
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