Lors d’un déplacement à Calais lundi – le premier de son quinquennat – François Hollande a affirmé qu'il faudrait" démanteler complètement, définitivement" la jungle, où s'entassent quelque 7 000 migrants.
C’est la première fois depuis le début de son quinquennat que le président se rend à Calais. François Hollande, lors d’une allocution devant les gendarmes, a affirmé qu'il faudrait "démanteler complètement, définitivement" le camp de la Lande, surnommé la jungle, où s'entassent quelque 7 000 migrants dans des conditions sanitaires et sécuritaires déplorables.
Dans cette tâche, "le gouvernement ira jusqu'au bout", a ajouté le chef de l'État devant les forces de l'ordre et en prenant, "autant qu'il est possible, une distance par rapport à des instrumentalisations ou des polémiques qui d'ailleurs tournent le dos aux principes des valeurs de la République".

Les Britanniques doivent "prendre leur part"
François Hollande a, en outre, demandé aux Britanniques de "prendre leur part dans l'effort humanitaire que la France accomplit" pour évacuer le campement. "Ce n'est pas parce que le Royaume-Uni a pris une décision souveraine qu'il est dégagé de ses obligations par rapport à la France", a-t-il ajouté, faisant allusion au Brexit et aux accords bilatéraux du Touquet signés en 2003 qui situent la frontière britannique en France.
Outre les forces de l’ordre, le chef de l'État devrait rencontrer au cours de cette visite de quelques heures des élus, ainsi que des chefs d'entreprise et des acteurs associatifs. En revanche, il ne se rendra pas sur le campement de la Lande, le nom officiel de la jungle.
Ce déplacement à Calais, initialement prévu cet été, avait été repoussé en raison des attentats de Nice et Saint-Étienne-du-Rouvray, selon l'entourage du chef de l'État. François Baroin, soutien de Nicolas Sarkozy, ne trouve cependant "pas normal" que François Hollande n'y soit pas allé "plus tôt".
Une visite dans un contexte polémique
La visite de François Hollande intervient dans un contexte de polémiques croissantes sur la répartition des migrants de Calais, pour lesquels l'État cherche à créer 9 000 nouvelles places en CAO d'ici la fin de l'année.
Sur le terrain, des opposants se mobilisent dans certaines communes concernées. Samedi encore, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Versailles et Louveciennes, dans les Yvelines, contre le projet d'installation de centres d'accueil. Et même si les manifestations restent somme toute peu nombreuses au regard des projets engagés, leur écho médiatique est intense, décuplé par les dénonciations du Front national.
Une partie de la droite a embrayé, derrière le président par intérim du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, en agitant le chiffon de "mini-Calais" ou de "mini-campements". Du côté du gouvernement, la menace fait bondir : il faut "arrêter avec la stratégie ‘un bobard par jour’", a lancé vendredi le ministre de l'Intérieur.
Une situation qui se traduit aussi par un lourd bilan humain : depuis le début de l'année 2016, 12 migrants sont décédés dans le Calaisis, dont cinq percutés sur la rocade portuaire.

La visite présidentielle se déroule d'ailleurs dans un climat électrique, en pleine construction d'un mur de béton "anti-intrusion" censé empêcher les migrants de monter dans des camions et gagner le port pour rejoindre la Grande-Bretagne.
La maire de la ville, Natacha Bouchart (LR), devenue hostile depuis peu à la construction de ce mur, a menacé vendredi de prendre si besoin un "arrêté interruptif" de ces travaux. Cependant, "la préfecture peut passer outre" cet arrêté et ne pas l'appliquer, a précisé Natacha Bouchart à l'AFP.
Dans une lettre ouverte, des associations d'aide aux migrants, dont Médecins du Monde, appellent François Hollande à "sortir d'une logique gestionnaire" de la crise et souhaitent que sa venue "soit l'occasion d'une annonce forte : [...] celle d'accueillir les personnes qui nous demandent protection".
Avec AFP