Un jour, un architecte allemand du nom d'Herman Sorgël a voulu vider la mer Méditerranée pour maintenir la paix en Europe. Finalement, le projet que l'on surnommait Atlantropa est tombé à l'eau.
"Méditerranée, aux îles d’or ensoleillées, aux rivages sans nuage, au ciel enchanté". Et dire que, si le projet d’un certain Herman Sorgël avait vu le jour, la chanson "Méditerranée" de Frédéric François n’aurait probablement jamais existé. Bon d’accord, ça n’aurait pas non plus été dramatique.
Vider la mer Méditerranée de son eau pour réunir l’Europe et l’Afrique et créer un supercontinent, voilà le modeste projet que comptait mener à terme l’architecte allemand Herman Sorgël.
Pendant près de trente ans, jusqu’à sa mort en 1952, il a défendu corps et âme son plan resté célèbre sous le nom d’Atlantropa. Une douce utopie qui n’aboutira jamais : comme ça n’a pas dû vous échapper, la mer Méditerranée est toujours là.
Trois barrages pour contenir l'eau
En 1929, Herman Sorgël publie son premier livre intitulé "Le projet Panropa, faire baisser le niveau de la Méditérranée, irrigation du Sahara". Six autres ouvrages suivront – et retiendront finalement le nom d’Atlantropa – avec toujours la même idée folle de faire disparaitre rivages et ports de part et d’autre du continent.
Dans ses ouvrages et ses multiples interventions, l'architecte détaille les contours du projet : trois gigantesques barrages auraient dû permettre d’abaisser considérablement le niveau de la Méditerranée.
Le plus gros, situé au milieu du détroit de Gibraltar entre l’Espagne et le Maroc, aurait permis de contenir l’océan Altantique. Le deuxième, au niveau des Dardanelles, d’isoler la mer Noire. Le troisième, encore plus fantaisiste, aurait dû couper en deux la Méditérannée pour faire naître deux bassins de deux niveaux différents et créer ainsi un canal d'irrigation en direction du désert du Sahara.
Au total, ce sont plus de 660 200 kilomètres carrés qui auraient été gagnés sur la mer.
Saboter la mer pour maintenir la paix
Mais pourquoi diable vouloir faire de Syracuse, Alger ou encore Marseille des villes sans vue sur mer ?
Essentiellement pour une chose : garantir la paix. En effet, au début des années 1930, l’Europe va mal : les conséquences de la Première Guerre mondiale se font encore dûrement sentir : le chômage est au plus haut et les tensions diplomatiques renaissent.
Herman Sorgël lui, est persuadé que vider la Méditerranée est le meilleur moyen de maintenir la paix. Et pour cause, Atlantropa ce serait : de l’énergie hydraulique bon marché pour toute l’Europe grâce aux barrages, du travail à profusion, de nouvelles terres irrigables et de l’espace pour s’agrandir… Surtout, le projet aurait obligé les pays européens à travailler ensemble.
I love this 1930s Atlantropa poster (from Deutsches Museum archive) pic.twitter.com/Q8WFWNomDM
— Will de Freitas (@Will_deF) 18 septembre 2015
Sans trop de surprise, la perspective d'un rapprochement avec le continent africain passe elle, dans une Europe encore colonialiste et autocentrée, au second plan. Dans la tête d’Herman Sorgël, Antlantropa est avant tout la promesse d’un futur prospère, loin de la guerre et de la pauvreté, mais européen.
Bien accueilli par le public, le projet n’obtient pourtant que peu d’écho dans les instances dirigeantes. L’arrivée des nazis au pouvoir et les séquelles de la Seconde Guerre mondiale, que Sorgël redoutait tant, auront finalement définitivement raison d’Atlantropa.
La Méditerranée a donc eu chaud mais Frédéric François peut se rassurer, elle restera sous l’eau a priori pendant encore longtemps.
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