Une bombe dissimulée sur une moto a explosé sur un marché de Sadr City, un quartier chiite de Bagdad, provoquant la mort d'au moins 62 personnes. Plus de 150 autres ont été blessées, selon le commandement central des opérations militaires.
AFP - Au moins 62 personnes, dont nombre de femmes et d'enfants, ont été tuées et 150 blessées mercredi soir dans un attentat survenu sur un marché du quartier chiite de Sadr City a indiqué le commandement central des opérations militaires de Bagdad.
Ce nouvel attentat intervient à moins d'une semaine du retrait annoncé des forces américaines des villes irakiennes.
Selon la source au sein du ministère de l'Intérieur, un tricycle motorisé rempli d'explosifs recouverts de légumes et de fruits a arrêté son véhicule à l'entrée du marché aux oiseaux, à une heure de grande affluence. Le conducteur a laissé son véhicule et s'est enfui avant que l'explosion ne se produise à 19H00 (16H00 GMT), provoquant des destructions considérables.
Le quartier de Sadr City, qui fut auparavant un fief de l'Armée du Mahdi, la milice du chef radical chiite Moqtada Sadr, a été récemment la cible d'attentats sanglants. Le 29 avril, un triple attentat avait fait 51 morts.
"Je faisais mes courses au marché de Mraidi comme tous les deux jours. J'ai vu une boule de feu et entendu une énorme explosion qui a fait trembler le marché. J'ai vu des voitures se soulever tant l'explosion était forte. Je me suis évanoui et me suis retrouvé à l'hôpital général de Sadr City", a raconté à l'AFP Najem Ali, un fonctionnaire âgé de 30 ans, qui souffre de blessures aux mains et au pied gauche.
"Le chaos règne dans l'hôpital. Il y a des blessés partout, dont des femmes et des enfants", a-t-il ajouté.
Saif Mohammad, 20 ans, qui s'est précipité sur le lieu de l'attentat pour retrouver deux de ses amis, a lui déclaré avoir "vu des morceaux de chair et des flaques de sang", et évoqué l'odeur "étouffante" de l'explosion.
"Comment le gouvernement peut-il affirmer pouvoir assurer la sécurité et recevoir le témoin des Américains? Ceux qui commettent ces attentats ne veulent pas voir les Américains partir", a-t-il estimé.
"Les attentats de ces derniers jours prouvent que les forces irakiennes ne sont pas capables de protéger les citoyens de la violence", a-t-il poursuivi.
C'est le second attentat au bilan particulièrement meurtrier en moins d'une semaine en Irak.
Samedi, 72 personnes avaient péri dans la province de Kirkouk, située à 250 km au nord de Bagdad.
Un kamikaze avait fait exploser son camion bourré d'une tonne d'explosifs, ravageant le centre de la localité de Taza. Plus de 80 maisons ont été détruites.
L'attentat a été attribué par les autorités locales au réseau Al-Qaïda.
Les autorités irakiennes sont conscientes que les insurgés, bien qu'affaiblis, entendent faire dérailler le processus de passation de pouvoir avec les Américains.
L'Irak est touché par une vague de violences qui a fait plus de 100 morts en trois jours, signe de la volonté des insurgés de défier les autorités irakiennes, qui doivent assurer seules la sécurité des villes après le retrait américain le 30 juin.
Lundi, 27 personnes, dont trois lycéens et un enfant, ont été tuées dans une série d'attentats et attaques à Bagdad et ses environs, selon les services de sécurité et hospitaliers.
"Selon des informations dont nous disposons, des groupes criminels essaieront de commettre des actions avant le 30 juin, mais nous les attendons. Les terroristes verront que nous ne leur donnerons pas le temps de respirer", a affirmé samedi le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Abdel Karim Khalaf.