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Syrie : un convoi d'aide humanitaire de l'ONU frappé par un raid aérien

Un convoi humanitaire a été touché par un raid aérien dans la province d'Alep, en Syrie, où la trêve a expiré lundi. Au moins 12 personnes ont été tuées et l'on ignore pour l'heure qui est responsable de cette attaque.

Il pourrait s'agir d'un crime de guerre, selon l'ONU. Un raid aérien a touché un convoi d'aide humanitaire dans la province d'Alep, en Syrie, quelques heures après que l'armée syrienne a déclaré la "fin" de la trêve. Au moins 12 humanitaires du Croissant-Rouge et leurs conducteurs ont été tués dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 septembre.

L'ONU a indiqué que le raid avait endommagé au moins 18 camions chargés d'aide humanitaire. Ceux-ci faisaient partie d'un convoi de 31 véhicules de l'ONU et du Croissant-Rouge syrien qui livrait de l'aide à 78 000 personnes à Orum al-Koubra, a précisé le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.

"S'il s'avère que cette attaque impitoyable a délibérément visé des humanitaires, alors elle équivaut à un crime de guerre", a déclaré Stephen O'Brien, le patron des opérations humanitaires de l'ONU. Face à la crise et à la fin du cessez-le-feu, entré en vigueur il y a une semaine, la Syrie devrait dominer les débats mardi en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

Face à la gravité de la situation, le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui rassemble depuis novembre 2015 une vingtaine de pays et d'organisations internationales - dont les États-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran - se réunira tôt mardi, d'après la diplomatie américaine.

Moscou et Damas en ligne de mire

Nul n'était en mesure de préciser de quelle nationalité étaient les avions qui ont mené la frappe, mais aucun groupe rebelle syrien ne dispose de force aérienne.

Sans directement accuser Moscou, le porte-parole du département d'État John Kirby a assuré que les États-Unis étaient "scandalisés" et "soulèveront la question directement auprès de la Russie", alliée du régime de Damas.

Plus tôt dans la soirée, un diplomate américain avait pointé la "responsabilité" des Russes, leur enjoignant de "se réfréner pour ce genre d'actions [le raid contre le convoi, NDLR]. Ils ont aussi la responsabilité d'empêcher le régime syrien de le faire".

Depuis la fin de la trêve, au moins 36 civils ont péri à Alep et dans sa province dans des raids lundi, selon l'OSDH, qui a précisé que "plus de 40 frappes aériennes" ont été menées depuis l'annonce de Damas. En annonçant la fin de la trêve, l'armée syrienne en a fait porter la responsabilité aux groupes rebelles qui n'ont "pas respecté une seule disposition" de l'accord. Damas a répertorié plus de 300 violations de la trêve par ces groupes.

Les rebelles et l'opposition n'avaient pas formellement approuvé l'accord russo-américain, dont ils critiquaient l'absence de garanties.

Un peu avant l'annonce de son armée, le président Assad a accusé les États-Unis d'avoir commis une "agression flagrante" en menant samedi un raid contre son armée à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, qui a fait au moins 90 morts. La coalition a affirmé que ce bombardement était une erreur de cible puisqu'elle croyait viser des jihadistes de l'organisation État islamique (EI). Mais Damas a rejeté cette explication en dénonçant un raid "délibéré", selon la conseillère du président Assad, Bouthaina Chaabane.

Sauver la trêve ?

À New York, un diplomate américain a toutefois refusé d'évoquer une "fin" de la trêve, tout en reconnaissant que "ce qui s'est passé aujourd'hui porte un sérieux coup à nos efforts pour apporter la paix en Syrie".

Le secrétaire d'État John Kerry n'est pas, lui non plus, disposé à jeter l'éponge sur le conflit syrien, qui a fait plus de 300 000 morts depuis 2011, en maintenant le dialogue avec Moscou. "Les Russes ont signé un accord, il faut voir maintenant ce qu'ils disent. Mais le plus important, c'est que les Russes doivent contrôler (le président syrien Bachar) al-Assad", a-t-il confié à la presse.

L'un des principaux objectifs de la trêve initiée par Moscou et Washington le 12 septembre était l'acheminement de l'aide humanitaire vers les villes assiégées, mais celui-ci ne s'est fait qu'au compte-goutte. Et, surtout, aucun des camions remplis de nourriture et de médicaments n'a pu rejoindre les quartiers rebelles d'Alep.

Avec AFP