Une grande opération de police s'est déroulée à Belgrade pour retrouver l'ex-chef de guerre serbe. Mladic est inculpé pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.
AFP - Les autorités serbes ont mené jeudi une opération d'envergure à Belgrade, à la recherche des soutiens financiers dont bénéficie dans sa cavale Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, perquisitionnant notamment la demeure de son fils Darko.
L'opération s'est déroulée à partir de 9H30 locales (8H30 GMT), dans cinq endroits différents de la capitale serbe, et s'est achevée aux environs de 17H00 locales (16H00 GMT), a indiqué la police.
Un photographe de l'AFP avait pu constater jeudi matin la présence d'importantes forces de l'ordre, avec des policiers le visage couvert d'une cagoule noire, devant le domicile de Darko Mladic, dans le quartier huppé de Banovo Brdo.
"Nous cherchons Mladic", a déclaré à l'AFP une source policière en annonçant l'opération, précisant qu'elle se déroulait à la demande du Tribunal serbe pour les crimes de guerre.
Le responsable de la police serbe, Milorad Veljovic, a expliqué à la télévision d'Etat RTS que les autorités s'efforçaient de "remplir leurs obligations" devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI).
Le TPI réclame l'arrestation de Ratko Mladic, mais aussi celle d'un ancien responsable des Serbes de Croatie, Goran Hadzic.
Ratko Mladic est inculpé depuis 1995 pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le Tribunal pour son rôle pendant la guerre de Bosnie (1992-1995).
Goran Hadzic est inculpé de crimes contre l'humanité pour son rôle pendant la guerre d'indépendance de la Croatie (1991-1995).
La cavale des deux hommes entrave les aspirations européennes de Belgrade.
Les autorités serbes se sont toutefois efforcées d'atténuer en cours de journée les attentes suscitées par l'opération, précisant qu'il s'agissait davantage de retrouver les soutiens financiers aidant Ratko Mladic dans la clandestinité plutôt que de l'arrêter lui-même.
Les recherches ont pour objectif de couper "l'aide financière" dont bénéficie l'ancien militaire, ont indiqué les services du Procureur serbe pour les crimes de guerre.
"Nous ne cherchons pas Ratko Mladic, nous cherchons des traces, des preuves, des documents et toute trace qui pourrait mener à Ratko Mladic", a souligné aussi le ministre serbe en charge de la coopération avec le TPI, Rasim Ljajic.
Le ministre a assuré que des opérations supplémentaires se dérouleraient "dans les prochains jours. Elles ne s'arrêteront pas tant que les deux accusés (Ratko Mladic et Goran Hadzic) n'auront pas été trouvés et livrés" au TPI, a-t-il indiqué sur la télévision B92.
Les perquisitions de jeudi portaient aussi sur trois appartements situés dans différents endroits de Belgrade, ainsi sur les bureaux de la femme de Darko Mladic, près de Belgrade, a indiqué la police en fin de journée.
Les autorités serbes avaient souligné le mois dernier qu'elles entendaient se concentrer sur les soutiens financiers permettant à Ratko Mladic d'échapper à la justice internationale.
C'est dans cette optique, avaient-elles expliqué, qu'elles avaient déjà procédé, le 10 novembre, à une perquisition de près de cinq heures dans les locaux d'une entreprise de Valjevo (sud-ouest).
L'opération de jeudi à Belgrade intervient après la perquisition, mardi, par la force de l'Otan en Bosnie au domicile, à Pale, de l'épouse de Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie arrêté en juillet à Belgrade.
Les enquêteurs ont interrogé des membres de la famille de Karadzic sur d'éventuels liens avec Ratko Mladic.
"Nous avons des raisons de penser que les réseaux de soutien à Karadzic et Mladic se croisent (...) L'opération a été très utile", avait déclaré à l'AFP un porte-parole de l'Otan, Derek Chappell, sans fournir de détails.