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France : Le premier centre de déradicalisation attend ses jeunes "volontaires"

Inauguré mardi, le premier centre de déradicalisation en France accueillera ses pensionnaires d'ici fin septembre à Pontourny, en Indre-et-Loire. Une demi-douzaine de jeunes en voie de radicalisation sont attendus dans un premier temps.

Le premier centre de "prévention, d'insertion et de citoyenneté" (CPIC), destiné à accueillir une demi-douzaine de jeunes en voie de radicalisation islamiste d’ici la fin du mois, a été inauguré, mardi 13 septembre, à Beaumont-en-Véron, en Indre-et-Loire.

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La structure d'une trentaine de salariés, renforcée par des intervenants extérieurs, accueillera à terme, un maximum de 25 jeunes adultes durant une période maximum de dix mois. "Aucun ne sera sous main de justice pour faits de terrorisme, n'aura tenté d'aller en Syrie ou n'aura été condamné pour des faits de violence", a assuré le préfet d'Indre-et-Loire, Louis Lefranc, lors de l’inauguration. Il a insisté sur le caractère "volontaire" de la démarche des futurs pensionnaires.

Le centre de Pontourny sera le prototype des "centres de réinsertion et de citoyenneté" qui doivent voir le jour dans chaque région.

Lever du drapeau français à 6 h 45

Les "volontaires" y seront vêtus des tenues qui leur seront fournies par l'administration - "Une pour tous les jours, une pour le sport et une pour les sorties du centre", a détaillé Pierre Pibarot, directeur du Groupement d'intérêt public "Réinsertion et citoyenneté". Ils assisteront une fois par semaine au lever du drapeau après leur réveil quotidien fixé à 6 h 45. "Nous voulons faire un travail avec les symboles de la République, et le drapeau en est un", a expliqué Pierre Pibarot. "C'est une démarche visant à susciter le débat. Il s'agit de développer ou de redévelopper leur esprit critique", a-t-il insisté.

Au programme du centre : religion, histoire, philosophie, éducation aux médias Internet... Chaque "volontaire" bénéficiera d'un accompagnement médical, social et psychologique. Ils devront également s'inscrire à des activités sportives ou créatives et s'investir dans la préparation de leur réinsertion sociale et professionnelle. "La pratique religieuse sera libre pendant le temps personnel", a précisé Muriel Domenach, secrétaire générale du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR).

Inquiétude des riverains

Mais l'ouverture du CPIC suscite de fortes résistances. Autrefois Centre éducatif et de formation professionnelle pour des mineurs isolés étrangers, le château de Pontourny, qui accueille le nouveau centre de déradicalisation, se trouve en pleine campagne.

Plusieurs dizaines de riverains de l'association "Radicalement digne de Pontourny" ont manifesté mardi devant l'allée menant au site. "Ce centre va être une cible pour Daech", s'est inquiété le président de l'association, Michel Carrier. "Les mesures de sécurité sont tout à fait insuffisantes", a renchéri un riverain, évoquant une clôture "défoncée qui ne peut empêcher ni les intrusions extérieures, ni les fuites de l'intérieur".

Dix-huit caméras surveilleront le site et ses abords 24 heures sur 24, un système infrarouge protégera l'enceinte et les gendarmes pourront intervenir "en quelques minutes" si nécessaire, énumèrent les représentants des autorités sans toutefois parvenir à rassurer.

Avec AFP