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Attentat avorté à Paris : ce que l’on sait de Sarah H., Ornella G., Inès M. et Amel S.

Après la découverte le 4 septembre 2016 à Paris d’une voiture remplie de bonbonnes de gaz, le profil des quatre femmes mises en examen, Ornella G., Inès M., Amel S. et Sarah H., se précise.

Ornella G., Inès M., Amel S. et Sarah H.. L’enquête ouverte après  la découverte le 4 septembre 2016, en plein Paris, d’une voiture remplie de bonbonnes de gaz a mené au premier commando de femmes jihadistes à vouloir frapper la France. Un groupe "téléguidé" depuis la zone irako-syrienne, selon le procureur de Paris François Molins.

Voici les profils de ces quatre femmes, dont l'une a été mise en examen dès samedi et les trois autres, lundi 12 septembre, à Paris, pour association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteintes aux personnes.

Ornella G., une mère de famille fichée "S"

Elle est la première femme du commando à avoir été mise en examen et écrouée dans l'enquête sur la voiture remplie de bonbonnes de gaz. L'empreinte de la jeune femme de 29 ans avait été retrouvée dans le véhicule. Déjà condamnée pour des violences lorsqu'elle était mineure, selon Le Parisien, elle avait alors été incarcérée. Ornella G. semblait s’être ensuite apaisée : en 2009, elle se convertit à l'islam lors de son mariage avec un musulman. Le couple a trois enfants. Fin 2014, Ornella G. apparaît dans le radar des services spécialisés, alors qu’elle décide de se rendre en Turquie avec ses trois enfants. À son retour, toujours selon Le Parisien, elle est interrogée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) : la mère de famille nie avoir voulu gagner la Syrie et assure avoir simplement voulu prendre des vacances en Turquie… mais elle admet suivre de près, sur Internet, la situation en Syrie. La jeune femme est fichée "S" pour "atteinte à la sûreté de l’État" et assignée à résidence à son domicile de Chalette-sur-Loing, dans le Loiret.

Comment s’est opéré son passage à l’acte dans la nuit du 3 au 4 septembre ? Ornella G. a, elle-même, livré sa version aux enquêteurs de la section antiterroriste (SAT) après son arrestation. Celle qui porte désormais un voile intégral, a expliqué être entrée en contact, il y a environ trois mois, via la messagerie Telegram, avec un homme se faisant appeler Abou Omar. Séparée de son mari, elle a alors épousé cet homme religieusement… par téléphone. D’après elle, rapporte Le Parisien, c’est son nouveau mari et Rachid Kassim qui lui auraient demandé de passer à l’action. Ce serait aussi Abou Omar qui l’aurait mise en contact avec Inès M.. Devant les enquêteurs, Ornella G. a affirmé que son rôle avait été purement logistique. D'après son récit, elle a échoué à mettre le feu au véhicule dans la nuit du 3 au 4 septembre avec Inès M., avant de fuir à la vue d'un homme pris pour un policier en civil. Elle quitte alors Paris et part retrouver son ancien compagnon et leurs trois enfants. La famille sera arrêtée sur une aire d’autoroute de l'A7, alors qu’elle tentait de gagner Marseille. Placé en garde à vue, son ex-compagnon a été mis hors de cause.

Inès M., une jeune femme de 19 ans qui voulait mourir "en martyr"

À 19 ans, Inès M. est la plus jeune du commando. C’est elle qui a "emprunté" la 607 de son père retrouvée remplie de bonbonnes de gaz près de Notre-Dame. La jeune femme née à Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis, est la troisième d’une fratrie de cinq sœurs. D’après Le Parisien, elle aurait quitté le système scolaire sans diplôme et n’aurait jamais vraiment trouvé de travail. Une voisine, interrogée par le quotidien, rapporte qu’elle s’est mise à porter le voile il y a trois ans. Inès M. était, elle aussi, une "fichée S". La jeune femme qui aurait cherché à se rendre en Syrie faisait partie de l'entourage de Hayat Boumeddiene, la compagne d'Amedy Coulibaly, le terroriste de l'Hyper Cacher. La télévision belge RTBF affirme, en outre, qu’elle était aussi en lien avec des Belges radicalisés. Inès M. était active sur les réseaux sociaux : sur la messagerie Telegram, elle a été identifiée sous le nom d'Oum Saifullah. Après avoir échoué à mettre le feu à la voiture remplie de bonbonnes, elle se réfugie avec Sarah H. au domicile d'une autre suspecte, Amel S. à Boussy-Saint-Antoine, dans l’Essonne.

Quatre jours après la découverte de la voiture, elle ressort avec Amel S. et Sarah H. pour, selon les mots du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, commettre des "actions violentes et imminentes". Mais les jeunes femmes seront arrêtées par les agents de l’antiterrorisme non sans que, comme Sarah H., Inès M. ne se jette sur l’un d’eux avec un couteau, sans le blesser. La détermination et la motivation d’Inès M. ne semble, en tout cas, pas faire de doute : dans son sac à main, les enquêteurs ont découvert un document manuscrit dans lequel elle fait allégeance à l'organisation État islamique et indique : "Répondant à l'appel de Al-Adnani, je vous attaque dans vos terres afin de marquer vos esprits et de vous terroriser".

Sarah H., la "promise" de deux terroristes

Comme Ornella G., Sarah H., 23 ans, est une convertie. La jeune femme a grandi au sein d'une famille de confession chrétienne dans la région du golfe de Saint-Tropez : sa mère tient un salon de coiffure à Cogolin, dans le Var. Cette dernière avait d’ailleurs accordé un entretien à Var Matin en mars 2015, dans lequel elle ne cachait pas son sentiment d’impuissance face à sa fille en forte "quête d’identité", qui s’était convertie quelques mois plus tôt et qui venait tout juste d’être interceptée en Turquie, alors qu’elle tentait de gagner la Syrie. Pour elle, Sarah H. avait été victime d’un "rapt psychologique" par un homme rencontré sur Skype. Si la famille de la jeune femme était alors parvenue à la convaincre de revenir en France, cela n’avait pas pour autant interrompu son processus de radicalisation. Il apparaît ainsi que la jeune femme avait des liens avec les auteurs de deux récents attentats commis en France : Sarah H. était la "promise" de Larossi Abballa, auteur de l’assassinat d’un couple de policiers le 13 juin à Magnanville, dans les Yvelines, avant d'être abattu. Elle devient ensuite la promise d’Adel Kermiche, l’un des auteurs de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, en Seine-Maritime, le 26 juillet, avant d'être également abattu par la police. Sarah H. devait épouser prochainement Mohamed Lamine A., le seul homme placé en garde à vue dans cette affaire. Ce dernier est le frère d'un proche de Larossi Abballa, le terroriste de Magnanville qui a assassiné un couple de policiers. Mais Sarah H. n’aurait rencontré aucun de ses trois "fiancés", les trois hommes lui ayant été "proposés via Internet", selon une source proche du dossier.

Juste avant son interpellation à Boussy-Saint-Antoine, dans l’Essonne, Sarah H., entièrement voilée, consciente d'être repérée, a attaqué l'un des policiers dans son véhicule en lui assénant un coup de couteau, le blessant à une épaule. C’est ce qui a motivé, comme pour Inès M., sa mise en examen pour un chef supplémentaire : celui de tentative d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste.

Amel S., la logeuse

Âgée de 39 ans, Amel S. est la doyenne du commando. C’est chez elle, à Boussy-Saint-Antoine, dans l’Essonne que les suspectes se sont réfugiées après avoir vainement tenté de mettre le feu à la voiture remplie de bonbonnes. Au domicile de cette mère de quatre enfants, la police a retrouvé sept bouteilles en verre vides, "avec à proximité ce qui pourrait s'apparenter à des mèches artisanales en papier" et dans son véhicule "deux jerricans de cinq litres avec des résidus de carburant", a détaillé le procureur. Les enquêteurs se sont un temps intéressés à sa fille de 15 ans, avant de la relâcher dimanche. Dans les colonnes du Parisien, la mère d’une voisine d’Amel S. décrit "une personne plutôt coquette" jusqu’à il y a deux ou trois ans. Ensuite, "elle s'est mise à porter le voile et des tenues qui dissimulaient son corps".