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Salman Rushdie : "Je méprise le burkini, mais il ne regarde pas la police"

À l'occasion de la sortie de son nouveau roman, "Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits", l'écrivain britannique Salman Rushdie évoque, sur France 24, sa vision du monde musulman, la religion et la controverse suscitée autour du burkini en France.

Vingt-huit ans après "Les versets sataniques", l’écrivain britannique Salman Rushdie a présenté, dimanche 11 septembre, son dernier livre intitulé "Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits", publié chez Actes Sud, dans un entretien accordé à France 24.

En rédigeant son roman, qui met en conflit les formes progressistes et répressives de la religion musulmane, l’écrivain de 69 ans ne pensait pas que son récit serait à ce point ancré dans l’actualité. "Quand j’ai écrit ce bouquin, je n’avais jamais entendu parlé de Baghdadi, ni du groupe État islamique, à l’époque on ne les connaissait pas. J’ai inventé ce conflit fictif qui est devenu réalité, explique l’auteur britannique d’origine indienne. Il est malheureux que ce livre ce soit révélé prophétique".

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"Je déteste les burkinis"

Bien que ce douzième livre soit un roman, Salman Rushdie en profite pour distiller sa vision de la religion, un thème qui lui est particulièrement cher. "J’ai une vision très négative de la religion, de toutes les religions, explique le romancier. La race humaine doit à mon sens s’en s’émanciper."

L’auteur est également revenu sur la polémique estivale née autour de l’interdiction du port du burkini sur les plages françaises. "Je déteste les burkinis, voiles et autres hijabs, mais voir des gendarmes sur une plage demander aux femmes d'enlever leur vêtements ne me paraît pas sain." Et de poursuivre, "le Conseil d’État a eu raison de renverser cette décision, mais je méprise le burkini, c’est un signe de l’oppression des femmes par les hommes. […] C’est une question sociale qui ne regarde pas la police."

Une fatwa éternelle

Le 14 février 1989, l'ayatollah Ruhollah Khomeini, alors guide de la révolution iranienne, avait appelé tout bon musulman à tuer Salman Rushdie pour son ouvrage "Les Versets sataniques", un ouvrage jugé blasphématoire par Téhéran. Depuis, Salman Rushdie vit sous haute protection aux États-Unis, les autorités iraniennes ayant fait savoir que la fatwa ne pouvait être annulée. En 2005, sous l’impulsion de l’ayatollah Ali Khamenei, le successeur de Khomenei, trois membres du clergé iranien avaient de nouveau appelé à tuer l’écrivain. En février 2016, plusieurs médias de la République islamique ont ajouté 600 000 dollars à la prime offerte pour la tête de l’écrivain britannique, portant le montant total à quelque 3,9 millions de dollars.