Le parti populiste allemand, AfD, hostile à la poltique d'ouverture migratoire de Merkel, devrait réaliser une percée importante lors des élections régionales dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale (nord-est), fief de la chancelière.
Un an après la décision d'Angela Merkel d'ouvrir l'Allemagne aux réfugiés, le Mecklembourg-Poméranie occidentale (nord-est) renouvelle dimanche 4 septembre son Parlement régional, un scrutin qui pourrait voir les populistes de l'AfD au coude-à-coude avec le parti de la chancelière (CDU).
Sans surprise, l’immigration et la crise des réfugiés sont les deux thèmes qui ont monopolisé la campagne électorale dans cet État-région de l'ex-RDA communiste, offrant un terrain fertile aux populistes anti-immigration de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Selon des sondages, ils pourraient réunir entre 20 et 25 % des voix. La chef du parti, Frauke Petry, a appelé vendredi dans une vidéo les électeurs à "faire l'Histoire non seulement de l'État-région mais de toute l'Allemagne" en votant en masse pour l'AfD.
La décision de Merkel, il y a un an jour pour jour, d'accueillir les réfugiés en masse a "provoqué une scission dans notre société", peste le chef du gouvernement régional sortant, Erwin Sellering (SPD).
Angela Merkel a toujours défendu son choix, qualifiant sa politique de "devoir humanitaire" et répétant son credo "Wir schaffen das" ("Nous allons y arriver"), même si, depuis deux attaques commises fin juillet par des demandeurs d'asile et revendiquées par l'organisation État islamique, elle a donné un accent plus sécuritaire à sa politique.
Sentiment d'insécurité
Peu de réfugiés sont installés dans le Mecklembourg, mais "la politique migratoire a provoqué un grand sentiment d'insécurité", explique à l'AFP Frieder Weinhold, candidat CDU à Wismar, ville de 42 000 âmes sur la Baltique.
Le possible haut score de l’AfD met la chancelière dans un position difficile à un an des législatives. En meeting samedi dans cet État régional où se trouve sa propre circonscription électorale, Merkel a mis en garde contre le vote populiste, ces "gens qui provoquent mais qui n'ont rien fait pour ce Land".
La popularité croissante de l’AfD a été jugée "effrayante" vendredi par le Conseil central des Juifs d'Allemagne. Dans la presse, on se fait déjà une raison. "Désormais l'Allemagne a ce qui n'avait jamais existé depuis la fin de la guerre (en 1945) : un parti d'extrême droite", regrette le quotidien Die Welt.
Rejet des élites
"Je m'attends à un score de jusqu'à 30 % pour les mouvements identitaires AfD et (le parti néonazi) NPD, 25 % pour le premier et 5 % pour le second", prévient aussi Hajo Funke, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Berlin, qualifiant l'AfD de "lame de fond". Funke promet même une "gifle" aux deux principales formations, le Parti social-démocrate (SPD) et la CDU, en coalition dans ce Land ainsi qu'au niveau fédéral.
Au-delà de la question des réfugiés, l'AfD tire sa force "de la difficulté qu'ont le SPD et la CDU à se différencier", reconnaît le candidat Weinhold, "beaucoup de gens ne se sentent plus représentés". Un rejet des élites, nourri par une politique d'austérité régionale, sur lequel les populistes surfent malgré les progrès économiques de ce Land.
Désemparés par le succès des populistes qui ont déjà obtenu des scores importants lors de régionales au printemps, certains responsables ciblent directement la chancelière et sa politique migratoire.
Avec AFP