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Macron égratigne Hollande et l'accuse d'avoir fait "les choses à moitié"

Dans une interview au Journal du Dimanche, l'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui a démissionné pour se consacrer à son mouvement En Marche!, a détaillé sa vision de la France et reproché à Hollande sa frilosité politique.

Dans une interview au Journal du Dimanche, Emmanuel Macron a reproché à François Hollande d’avoir fait "beaucoup de choses à moitié" pendant son quinquennat. Le ministre démissionnaire a aussi regretté de ne pas avoir pu engager une deuxième étape de réformes économiques.

Durant le quinquennat, "je n’ai pas arrêté d’essayer, de proposer, de pousser mais si l’on veut réussir, on ne peut pas faire les choses à moitié, et malheureusement on a fait beaucoup de choses à moitié !", a estimé Emmanuel Macron.

"Le choix a été fait de ne pas engager une deuxième étape des réformes économiques comme je le proposais avec la loi Noé. Nous avons eu une autre divergence après les attentats et un dissensus sur la déchéance [de nationalité des auteurs d’acte de terrorisme, auquel François Hollande a renoncé après l’avoir envisagée]", a-t-il ajouté.

Le choix de partir "de manière apaisée"

"J’aurais souhaité qu’on aille plus loin sur la politique européenne", a poursuivi l’ancien ministre en soulignant qu’il a exprimé ses désaccords "de manière apaisée, dès le début" et que le chef de l’État connaissait ses convictions. "J’ai fait le choix de partir sans artifice et de manière apaisée".

Invité dimanche du Grand Rendez-Vous Europe 1 - Les Echos - iTélé, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger s’est "interrogé" sur les critiques émises par l’ex-ministre à l’encontre du gouvernement. "Je pense que tout n’a pas été fait mais je vais vous dire une chose, je suis frappé que d’anciens ministres, et M. Macron n’est pas le seul, passent leur temps à critiquer ce qui s’est passé au moment où ils avaient une partie des manettes", a-t-il dit.

Emmanuel Macron, qui a démissionné pour se consacrer à son mouvement En Marche !, continue de laisser planer le doute sur ses intentions présidentielles, se contentant de réaffirmer son souhait de voir gagner "les idées progressistes".

"Je ne sais pas ce que fera le président de la République"

À la question de savoir s’il a démissionné après avoir demandé au chef de l’État s’il serait candidat à sa propre succession, Macron a botté en touche : "Je ne sais pas ce que fera le président de la République. Ma logique ne repose pas sur les questions de personnes. Il est très lucide et il a le sens des responsabilités, et je pense que son choix n’est pas fait."

Emmanuel Macron a indiqué que son objectif était de "transformer notre pays". "Je dénonce le cynisme du système politique qui compte faire de la présence du Front national au second tour le marchepied de l’accession au pouvoir de tel ou tel camp. Je désapprouve ceux qui préfèrent préserver leurs appareils et leurs intérêts plutôt que de faire gagner leurs idées et la France", a-t-il déclaré.

L’ancien ministre s’en prend plus particulièrement à Nicolas Sarkozy, en qui il voit "clairement l’un des hérauts du conservatisme. "Sa vision de l’identité française est une forme de rabougrissement de la France, il exprime la brutalité sociale, le cynisme, l’irresponsabilité dans sa politique européenne. Il dit défendre la laïcité au nom de l’unité du pays mais ce qu’il propose fracture au contraire le pays et nourrit les communautarismes : c’est incohérent."

Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien/Aujourd’hui en France, 74 % des Français jugent qu’Emmanuel Macron a eu raison de quitter Bercy et 45 % d’entre eux souhaitent qu’il se présente à l’élection présidentielle, alors qu’ils étaient 40 % en juin.

Avec AFP

Macron égratigne Hollande et l'accuse d'avoir fait "les choses à moitié"