
Des pourparlers de paix historiques se tiennent à partir de mercredi, en Birmanie, entre le gouvernement d'Aung San Suu Kyi et les groupes rebelles. De nombreuses minorités ont pris les armes pour tenter d'obtenir plus d'autonomie.
La prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi affronte, à partir de mercredi 31 août, un des plus grands défis posés à son gouvernement en Birmanie : parvenir à un accord de paix avec les rébellions ethniques. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a fait le déplacement pour assister à ces premiers pourparlers de paix depuis que la Dame de Rangoon a pris le pouvoir en Birmanie.
Quelque 700 représentants des groupes rebelles ont accepté de venir à Naypyidaw, la capitale administrative birmane, pour ces pourparlers historiques qui doivent durer jusqu'au week-end.
"Un accord sur un cessez-le-feu national est la première étape vers la paix, mais aussi vers l'établissement d'une fédération attendue depuis longtemps", a déclaré celle qui est de facto chef du gouvernement, au premier jour de ces discussions inédites. Aung San Suu Kyi a promis mercredi de transformer la Birmanie en État fédéral, une fois la paix signée avec les rébellions ethniques du pays.
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Au total, dix-sept mouvements rebelles se sont joints aux discussions mercredi, mais plusieurs groupes importants, notamment Kachin (nord) et Shan (est), ont boudé l'événement, accusant l'armée d'avoir lancé mardi matin de nouvelles attaques dans leurs régions. À la veille des pourparlers, ces combats ont jeté une ombre au tableau alors que le gouvernement espérait stabiliser la situation avant l'ouverture de la conférence de paix.
"Ici, ils parlent de paix, là-bas ils se battent"
"Pour le moment, c'est difficile de croire ou de faire confiance à l'armée...", a confié sous couvert d'anonymat, un négociateur rebelle arrivé à Naypyidaw pour les pourparlers de paix. "Ici, ils parlent de paix, là-bas ils se battent", a ajouté ce négociateur, désabusé.
Aucune information n'a pu être obtenue auprès de l'armée quant à ces nouveaux affrontements, comme c'est souvent le cas. "Le gouvernement a du mal à négocier avec les militaires dans cette affaire", a pour sa part regretté un négociateur du gouvernement civil.
Aung San Suu Kyi a fait de la fin de ces guérillas une de ses grandes priorités depuis la victoire de son parti aux législatives de novembre 2015. "Sans paix, il ne peut y avoir de développement durable", a-elle assuré la semaine dernière lors d'une visite à Pékin, où elle est notamment allée chercher le soutien des autorités, plusieurs groupes rebelles étant proches de la Chine comme les Kokang.
En 2015, le gouvernement chargé par les militaires d'assurer la transition post-junte avait réussi à arracher un fragile accord de paix à huit groupes rebelles. Mais les groupes les plus importants refusent toujours de signer.
Les Rohingyas pas au menu des discussions
La question des Rohingyas n'est pas au menu des discussions des grands pourparlers de paix de mercredi. L’invité d’honneur de ces discussions Ban Ki-moon a appelé le gouvernement birman à accorder la citoyenneté aux centaines de milliers de Rohingyas du pays, minorité musulmane ostracisée.
"J'ai relayé les inquiétudes de la communauté internationale concernant les dizaines de milliers de personnes qui vivent dans conditions très dures dans des camps depuis plus de quatre ans", a déclaré Ban Ki-moon lors d'une première conférence de presse au côté d'Aung San Suu Kyi à Naypyidaw, mardi.
La minorité rohingya, forte de près d'un million de personnes, reste considérée comme composée d'immigrés illégaux du Bangladesh voisin, même si certains sont en Birmanie depuis des générations. Nombre d'entre eux vivent dans des camps dans l'ouest du pays, depuis des violences intercommunautaires meurtrières en 2012. La tension reste vive depuis, sous l'influence de nationalistes bouddhistes et même Aung San Suu Kyi évite de prendre position sur le sujet.
Avec AFP