Au lendemain du vote de l'élection présidentielle gabonaise, le président sortant Ali Bongo et son principal adversaire Jean Ping ont chacun revendiqué leur victoire. Les résultats officiels ne sont pas attendus avant mardi.
Une guerre des chiffres s’est ouverte dimanche 28 août au Gabon. Les partisans du président sortant gabonais, Ali Bongo, et ceux de son adversaire et opposant Jean Ping, ont tous les deux clamé dimanche leur victoire à l'élection présidentielle organisée la veille tout en s'accusant mutuellement de fraude électorale.
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Les deux candidats dénoncent des fraudes
Lors d'un rassemblement organisé à son siège de campagne de Libreville, Jean Ping a distribué à ses partisans des chiffres témoignant selon lui de sa large victoire contre Ali Bongo qui a succédé à son père Omar, mort en 2009 après avoir dirigé le pays pendant quarante-deux ans. "Les tendances générales nous donnent vainqueur de cette importante élection présidentielle", a-t-il déclaré à ses partisans et à des journalistes. "Ce jour est historique pour notre pays et en dépit des nombreuses irrégularités enregistrées ici et là, vous avez su déjouer les pièges de la fraude congénitale de ce pays.
Réagissant aux déclarations de son adversaire, Ali Bongo lui a conseillé de se garder de toute proclamation avant l'officialisation des résultats. "Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué", a-t-il déclaré. "Quoi qu'il en soit, je suis confiant", a-t-il ajouté.
Les résultats officiels attendus mardi
Quelques minutes auparavant, son porte-parole Alain Claude Bilie By Nzé déclarait à la presse qu'Ali Bongo était en tête dans cinq des neuf provinces que compte le Gabon. Intervenant sur une chaîne publique, il a également déclaré : "même si aucun chiffre officiel ne peut être dévoilé à ce stade, nous sommes, à la lumière des informations que nous recevons, en mesure de dire que notre candidat [...] revendiquera la victoire". Selon Alain Claude Bilie By Nzé, des "fraudes massives" ont été observées au cours du scrutin, notamment dans des bastions de l'opposition.
Les résultats officiels ne sont pas attendus avant mardi, et le ministre de l'Intérieur, Pacôme Moubelet, a réaffirmé dimanche sur sa page Facebook qu'il était "illégal de proclamer des résultats chiffrés en amont de l'annonce des autorités compétentes". Le Gabon applique un mode de scrutin uninominal à un tour où le candidat arrivé en tête est élu.
Une bonne partie des habitants ont décidé de rester chez eux et de stocker des vivres
« Libreville n’a pas tout à fait le visage d’un lundi ordinaire, moins de circulation, moins de boutiques ouvertes, observe Patrick Fandio, correspondant de France 24 au Gabon. Une bonne partie des habitants ont décidé de rester chez eux et de stocker des vivres des courses faites avant le scrutin. On attend ici le premier rapport des observateurs internationaux, et notamment celui de l’Union européenne qui devrait donner le ton de la journée. On ne sait toujours pas s’il y aura des troubles ; en tout cas, la crainte de violences devrait encore faire tourner Libreville au ralenti, tout au long de cette journée. »
Lors de la précédente présidentielle, en 2009, Ali Bongo l'avait emporté avec 41,73 % des suffrages. Mais il faisait face alors à une opposition éclatée avec pas moins de 22 adversaires. Cette année, ils n'étaient que neuf à lui contester le pouvoir.
Durant la campagne, Jean Ping, qui a pris ses distances avec Ali Bongo et a quitté le parti au pouvoir en 2014, a misé sur le mécontentement né de la stagnation du niveau de vie dans ce pays pétrolier, qui compte moins de deux millions d'habitants.
"Le jour de gloire est arrivé et nous nous préparons, ainsi que vous pouvez le voir, à célébrer notre victoire", avait déclaré Jean Ping qui est aussi l'ancien président de la commission de l'Union africaine après avoir voté samedi à Libreville.
Avec Reuters