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Bernard Cazeneuve a entamé lundi une journée de consultations sur l'islam de France qui réunit responsables cultuels, personnalités de la société civile et parlementaires pour mettre sur pied la future Fondation pour l'islam de France.

Alors que la polémique politique autour du burkini, la tenue de bain islamique, n'est pas encore retombée, le ministre français de l’Intérieur a donné le coup d'envoi, lundi 29 août, d'une "journée de consultations sur l'islam de France". Une initiative visant à mieux "ancrer dans les valeurs de la République" une religion au cœur de débats fiévreux. "Cet épisode positif va mettre fin à la séquence nauséabonde du burkini", espère le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech. 

Fil rouge de cette journée : une série de réunions avec des responsables cultuels, personnalités de la société civile et parlementaires pour mettre sur pied la future Fondation pour l'islam de France. Cette structure est en gestation depuis des mois mais sa préparation a été accélérée après l'attentat de Nice et l'assassinat par des jihadistes d'un prêtre près de Rouen, en juillet.

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Objectif de cette fondation laïque et de l'association cultuelle qui lui sera adossée : lever des financements français, alors que ceux venant de l'étranger sont jugés peu transparents.

La direction de la fondation en question

Jean-Pierre Chevènement, ex-ministre de l’Intérieur qui avait lancé en 1999 une "consultation des musulmans de France" ayant abouti en 2003 à la création du CFCM, doit prendre la présidence de la fondation. Quatre autres "personnalités qualifiées", toutes de confession ou culture musulmane, siègeront à ses côtés au conseil d'administration de la fondation : l'écrivain Tahar Ben Jelloun en qualité de personnalité culturelle, un islamologue réformateur en la personne de Ghaleb Bencheikh, le recteur de la grande mosquée de Lyon Kamel Kabtane, et la cadre supérieure d'entreprise Najoua Arduini-Elatfani.

Reste que le choix d'un non-musulman pour présider la fondation a suscité de l'incompréhension dans les rangs de la deuxième confession de France et la classe politique. "Qu'un grand républicain en prenne la tête au moment de sa création, avec en son sein de nombreux musulmans, revêt une vraie dimension symbolique, puisque cette nouvelle structure sera le pont entre la République et les musulmans de France", plaide le ministre de l’Intérieur dans un entretien publié dimanche soir sur le site du quotidien La Croix.

Séparation de l'État et des cultes oblige, la Fondation pour l'islam de France ne traitera que de questions profanes : financement de thèses d'islamologie, bourses d’études, formations pour les imams et aumôniers, etc… Son conseil d'administration comprendra onze personnes, parmi lesquelles le président du CFCM et trois représentants de l'État. En outre, un "conseil d'orientation" composé d'une vingtaine de personnes – professeurs, avocats, cadres… – sera chargé de chercher les projets à financer.

Garantir la transparence des fonds

Une association cultuelle, dont l’État sera absent, se chargera du financement de la formation théologique des cadres musulmans et de la construction des mosquées. "Nous souhaitons que transitent par elle des fonds dont elle garantira la transparence : non pas une taxe mais une contribution – volontaire et négociée – des acteurs de la filière halal, ainsi que les dons des fidèles", a précisé le ministre.

Pour Anouar Kbibech, "donner aux institutions musulmanes des moyens financiers va contribuer à renforcer leur rôle dans la prévention de la radicalisation, en particulier via l'habilitation des imams". Selon lui, pour cette fondation, "tout le monde est dans un esprit constructif afin que, cette fois-ci, ce soit la bonne".

Beauvau voit dans la relance de la fondation une "nouvelle étape" dans un processus déjà marqué, en juin 2015 puis mars 2016, par la convocation d'une "instance de dialogue" élargie, censée pallier les carences du CFCM.