Au menu de cette revue de presse française, les conversations privées de François Hollande, la Corse à cran mais sans burkini et mille raisons d'être heureux en France.
François Hollande s’est confié à deux journalistes dans un livre de 300 pages, intitulé "Conversations privées avec le président". Quelques extraits sont parus hier dans Le Point et on en parle dans la presse ce matin. Pour L’Opinion, François Hollande fait le pari risqué du confessionnal avec une liberté de parole qui étonne : le président commente tout, de l’affaire Leonarda à sa rupture avec Valérie Trierweiler, en passant par les attentats. Dans son édito, le quotidien parle d’un livre ovni où l’on découvre un François Hollande en son miroir, marqué par la dureté du sort de président mais heureux de sa propre action, un chef de l’Etat focalisé sur les combinaisons tactiques, au détriment des grands choix politiques.
A la Une du Monde, Plantu s’amuse de cette psychanalyse présidentielle avec un François Hollande sur canapé qui cherche une oreille compatissante mais dont les appels pourraient bien se perdre dans le désert... Ce livre fait aussi réagir le Figaro qui parle d’un Parti socialiste en mille morceaux à la veille de la primaire pour la présidentielle. Benoît Hamon s’est déclaré, on attend l’ancien ministre Arnaud Montebourg, mais pour l’instant, la situation est instable au PS et cette division pourrait profiter au président sortant. Pour le Figaro, François Hollande espère même enclencher autour de lui une dynamique qui le mène à un second mandat. Mais dans le livre, il admet qu’il y a une condition pour se représenter, celle d’apparaître comme nouveau : "les électeurs veulent un nouveau temps, une nouvelle période, un nouveau thème". Comme Nicolas Sarkozy en son temps, François Hollande devrait donc se plier bientôt à une opération "J’ai changé".
Autre titre ce matin, l’altercation en Corse qui a provoqué l’affaire du burkini… sauf qu’il n’y avait pas de burkini sur cette plage. La Croix rapporte la conférence de presse du procureur de Bastia qui parle d’une logique de caïdat, avec des Marocains qui voulaient s’approprier la plage avant qu’éclate une altercation avec des jeunes du village. Pour Libération, " la Corse est à cran" avec des tensions identitaires plus que jamais exacerbées. On accuse souvent les gens de l’île de Beauté d’être xénophobes. Eux répondent qu’ils sont chez eux et qu’"en Corse, on fait comme les Corses". Dans son édito, Libération insiste surtout sur l’absurdité d’une législation interdisant une tenue de plage plutôt qu’une autre. Il rappelle que la France est déjà la démocratie la plus restrictive en ce domaine, avec l’interdiction du voile en classe et celle de la burqa sur la voie publique. Il y a donc mieux à faire que de proclamer "l’état d’urgence textile".
Enfin, à la une du Monde, deux économistes expliquent que les Français ont mille raisons d’être heureux. Grâce aux 35 heures, ils détiennent le record du nombre d’heures de loisirs, ils ont une espérance de vie de 82 ans, un taux de fécondité parmi les plus élevés en Europe, un rayonnement culturel et scientifique qui ne faiblit pas : bref, il y a de quoi de se réjouir ! Mais problème: les Français regardent dans le rétroviseur et restent prisonniers de l’illusion des Trente glorieuses, avec une croissance forte et stable. Les économistes, eux, affirment qu’il faut réinventer le pacte social, sans se baser sur le passé. Le défi est de créer une société plus égalitaire qui donne ses chances à chacun. Et les économistes ont leur rôle à jouer pour influencer le discours politique.