Depuis trois ans, des milliers de Tchadiens fuient leur village pour échapper aux attaques de la secte Boko Haram. Réfugiés dans des camps de fortune, des déplacés tentent de trouver des moyens de subsistance. Reportage.
La région de Bol, dans l’ouest du Tchad, est composée de centaines d’îlots et autant de villages de pêcheurs. C’est aussi sur ces terres que les Tchadiens persécutés par des membres de Boko Haram ont échoué, à la hâte.
Sous son voile aux couleurs chatoyantes, Bintou se souvient d’être arrivée dans le village vers deux heures du matin. "Le jour où ils ont attaqué, j'étais malade, couchée. Une voisine m'a aidé à fuir. Nous sommes allées au lac, nous avons trouvé une pirogue, on a traversé. Ensuite, nous avons pris un chameau et sommes arrivées à Medi, un village qui se trouve à 17 km d'ici Je suis là depuis un an et je ne peux pas travailler", regrette la vieille femme.
"Une nuit, ils sont venus, nous ont tiré dessus"
Une histoire comme il en existe beaucoup d’autres dans le camp de déplacés. "On ne s'attendait pas à ce que Boko Haram arrive un jour dans notre village, raconte de son côté Mohamat, un jeune homme à l’ombre d’un abris de fortune en bambou. Il y a des gens qui disaient que ça allait arriver mais nous, on n'y croyait pas. Pourtant une nuit, ils sont venus, nous ont tiré dessus, ils ont tout détruit et on est partis." Depuis, le jeune homme robuste sert de main d'œuvre dans la région. Il laboure les champs des locaux et recoit un peu d'argent en contrepartie. "Cela nous permet d'acheter à manger".
De nombreuses familles ne veulent plus revenir chez elles car elles redoutent de nouvelles attaques. Les associations présentes sur place tentent de trouver des solutions pour leur permettre de redevenir autonomes. "Une première partie de notre travail a consisté à les aider en moyen de survie, explique Olivier Brouant, chef du bureau de mission humanitaire européenne Echo. Maintant, on se concentre sur leur moyen d'existence : donc les faire accéder à des semences, à des activités agricoles ou un retour à des activités traditionnelles. Mais c'est difficile pour des questions logistiques, des raisons climatiques et aussi des raisons financières."
Selon l'ONU près de trois millions de personnes ont du fuir leur village dans le bassin du lac tchad. Et quelque neuf millions nécessitent une assistance humanitaire.