
Ankara a de nouveau monté le ton contre Bruxelles, lundi, lors d'un entretien accordé au journal allemand Bild. Si l'UE n'autorise pas les Turcs à voyager sans visa, l'accord sur les migrants, conclu en mars, sera caduc.
Le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, a accusé l'Union européenne d'"humilier" la Turquie, dans un entretien publié lundi 15 août par le quotidien allemand Bild. Ankara déplore le gel des discussions sur l'exemption de visas pour les ressortissants turcs et le gel des négociations sur son adhésion à l'Union européenne.
"Le peuple turc est traumatisé" après le putsch du 15 juillet, et les Européens "nous humilient au lieu d'aider la Turquie", a déclaré Cavusoglu au quotidien populaire.
Pour le ministre turc des Affaires étrangères, Ankara a travaillé "comme peu d'autres pays pour remplir les conditions d'adhésion à l'UE", mais ne récolte en retour "que des menaces, des insultes et un blocage total" de la part des Vingt-Huit.
"Je m'interroge : quel crime avons-nous commis ? Pourquoi cette hostilité ?", poursuit Cavusoglu, qui avait déjà accusé mercredi l'UE d'avoir attisé le sentiment anti-européen en Turquie en "favorisant", voire en "encourageant" les auteurs du putsch.
Bruxelles a vu d'un mauvais œil les vélléités du président turc Erdogan de rétablir la peine de mort afin de châtier les putschistes. "Aucun pays ne peut adhérer à l’Union européenne s'il introduit la peine de mort", a menacé la chef de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini.
Pas de visas, pas d'accord
Mais Ankara menace : si l’UE n’autorise pas les Turcs à voyager sans visas, l’accord sur les migrants sera mis de côté.
"Je ne veux pas évoquer le scénario du pire, les discussions avec l'UE se poursuivent mais il est clair que soit nous appliquons tous les traités en même temps, soit nous les mettons de côté", a ajouté Cavusoglu à Bild.
Les Européens et les Turcs ont négocié en mars dernier un accord visant à contenir les arrivées de migrants et de réfugiés dans l'Union européenne en contrepartie d'une aide financière et de facilités accordées à Ankara.
Déjà tendues ces derniers mois, les relations de l'Europe avec Ankara se sont encore envenimées après le putsch manqué du 15 juillet, qui a provoqué des vagues de purges dont l'ampleur a choqué les Européens.
Avec AFP et Reuters